Poule renard vipère - Benjamin Pascal
Poule renard vipère
Benjamin Pascal
Éditions Prisma / 2024
460 pages
J’avais totalement adhéré à « La petite rouge », sorti l’année passée. La finesse des dialogues et leur intensité m’avaient vraiment transporté, tandis que les complications - de belles emmerdes ! - s’accumulaient au fil des pages avec une délicieuse inexorabilité. Beaucoup d’émotions, des kilos reçues en pleine gueule.
Notre périple débute ici dans les rues suffocantes de Dhaka, capital chaotique du Bangladesh. Au cœur de cette métropole aux relents nauséabonds, une jeune juriste se fait enlever par un cartel de la drogue. Nous allons suivre son histoire, mais également celle d’un flic à moitié foutu, à la retraite.
Une partie de ce récit nous transporte également dans l’Espagne des années 70, une période troublée où l’ETA multiplie ses actions violentes contre le régime. Nous suivrons l’histoire de l’un de ses membres.
Il y aura aussi ce jeune couple en vadrouille, dont la jeune femme se fera enlever sur la N134, dans les Pyrénées, peu avant la frontière espagnole.
Et finalement - oui, il y a du monde ! -, c’est à Paris que nous allons renouer contact avec Romain Rocca, père désemparé, qui a été muté à l’IGPN. Son histoire, nous allons également la suivre.
Ces destins multiples semblent emprunter un chemin bien distinct, mais leurs trajectoires finiront évidemment par se croiser, tissant une toile où chaque fil se rejoint et, surtout, trouve sa place. Benjamin Pascal met son récit en place avec une belle précision, et tout se tient.
J'ai aimé la façon dont l'ouvrage dépeint les relations humaines dans toute leur complexité, que ce soit parmi les membres des organisations terroristes de l’époque, du crime, mais aussi le milieu flic d’aujourd’hui, ou même dans leur vie privée. Cette dimension profondément humaine donne une réelle authenticité à ce récit.
Les péripéties de notre flic Romain Rocca en tant que père sont aussi hilarantes que touchantes. Je me considère chanceux d'avoir déjà vécu cette période de ma vie sans rencontrer tous les défis auxquels il est confronté ! Mais il n’y aura pas uniquement sa vie qui vous touchera, croyez-moi sur parole.
La force de ce récit réside dans la façon dont les rôles s'entremêlent, se mélangent et se métamorphosent au fil de l'histoire. Les personnages oscillent entre proie et chasseur, leurs positions s'inversant tel un mélange de rôles en perpétuel mouvement, comme si le destin, très joueur, ne cessait de relancer les dés !
C’est une lecture rapide, vive, qui ne nous laisse que très peu de temps pour reprendre notre souffle. L’intensité des personnages donne à ce récit une profondeur franchement remarquable. Paradoxalement, malgré l’omniprésence de la mort, l’histoire déborde de vie et d’énergie !
À lire.