Les Extradées - Nicolas Feuz

Publié le par Pascal K.

Les Extradées
Nicolas Feuz

Éditions Rosie&Wolfe / 2024
334 pages

Un prologue tendu, agité, fort en émotions, nous donne accès à ce récit. Nous sommes à Estavayer-le-Lac, dans le canton de Fribourg, en Suisse - à 25 min de chez moi, c’est appréciable ! -, et nous pouvons imaginer l’horreur absolu. La scène se termine, on rembobine, retour donc en arrière. Pour comprendre. 

Nous allons essentiellement passer par la case prison et nous allons y rester un bon moment, le temps de nous lier avec quelques détenues. Dans cet enfer version huis clos, nous allons surtout retrouver notre chère Tanja. Cette prison pour femmes, à Lonay, va carrément être votre second domicile le temps de cette lecture. 

Parallèlement, nous allons suivre une enquête liée à la disparition d’une jeune ado. Une disparition jugée très inquiétante.

Certains éléments mis en avant dans ce récit, et qui me tiennent à cœur, sont remarquablement bien traités. Qui dit prison, dit justice. Qui dit justice, dit parfois injustice. Même souvent. La justice des hommes est délicate, difficile à rendre. La société a son propre modèle, mais est-il équitable, juste, parfait ? Bien sûr que non. Dans cette histoire, parfois déchirante, souvent surprenante, cet aspect aura son importance. Il sera peut-être même capital. 

L’être humain est très complexe - tordu … - et la justice l’est tout autant. Au final, comment pouvons-nous rendre une justice simple et « juste ». Pari impossible ? Probablement. Notre procureur neuchâtelois va nous le démontrer en bousculant cet équilibre judiciaire qui est parfois bien précaire.

Nicolas Feuz traite ici de faits sociaux qui ne sont de loin pas négligeables, bien au contraire. Violences domestiques, gardes d’enfants, mères démunies et désespérées, souffrance, incontestablement … Et la souffrance défonce des portes qui vous donnent accès à des chemins qui se dirigent vers des directions parfois douteuses, singulières, violentes, voire cruelles. 

Bref. Une enquête, à l’extérieur, des détenues avec leur passé respectif, à l’intérieur. Mais il n’y aura pas que le passé qui s’avérera être intéressant. Le présent a aussi un certain avantage, surtout pour nous, lecteurs. Celui de lancer ce récit à 200 km/h. L’instantanée ne laisse que peu de place à la réflexion, et davantage à l’action. 

Cette trame est propulsée par deux moteurs bien distincts. L’un, fonctionnant au Diesel, maintient une pression constante. L’autre, doté d’un turbo-compresseur, nous fait accélérer constamment. Un très bon assemblage qui fonctionne bien.

Le dénouement est fidèle à ce que l’auteur a l’habitude de nous offrir, soit enrichi d’un joli coup de bluff. Je dois admettre qu’il est impeccable, astucieux, mais - cette fois-ci ! - je l’ai vu venir. Quelques petits détails m’ont titillé et mis sur la bonne voie. 

Mais ne vous inquiétez pas. Vous aurez droit au dénouement du dénouement et, celui-là, je ne l’ai pas vu venir et je l’ai pris en pleine gueule. Je garde l’espoir de pouvoir comprendre un jour, à l’avance, le mécanisme fourbe et machiavélique d’une future intrigue de Nicolas Feuz.

À lire. 

Publié dans Littérature suisse

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