La toile - David Ruiz Martin

Publié le par Pascal K.

La toile 
David Ruiz Martin

Kubik Editions / 2024
375 pages

COUP DE CŒUR À NE PAS PLACER ENTRE TOUTES LES MAINS.

David Ruiz Martin, avec « Seule la haine », d’une belle noirceur, nous aspirait dans un gouffre débordant de cruauté et nous poussait, malgré nous, vers une spirale sans fin menant à une totale perversion. Ce fut pour moi un puissant coup de cœur !

Dans « Le Berceau des Impurs », il nous entraînait dans une même noirceur, avec un style dense ne laissant que très peu de place à l’espoir. Le deuil, la haine, la rancœur, la souffrance ou encore la solitude nous tendaient les bras où que nous soyons.

Et cette fois-ci ? Le terme qui jaillit de ma gorge complètement nouée, en arrachant tout sur son passage, est « insoutenable ». L’auteur développe ici le thème de la pédophilie, de réseaux, d’enlèvements d’enfants, de la souffrance faite aux gosses.

Il n’en faut pas plus pour me mettre dans état de rage face à l’injustice de la vie, face aux souillures qui composent une partie de notre société. Du coup, j’ai lu ce récit avec la rage au ventre.

Cette lecture trash n’est pas destinée aux âmes quelque peu sensibles. C’est absolument insupportable. Mais c’est aussi une triste réalité, donc, c’est bien d’en parler !

Un père de famille, journaliste, va tenter de démanteler un réseau pédophile. Son fils de 15 ans, enlevé il y a plus de 7 mois, en est l’une des victimes.

Nous abordons ce récit en rejoignant trois points bien distincts. Ce triangle infernal est principalement constitué du père d’une victime, d’un membre d’un réseau pédophilie ainsi que d’une victime. Ces trois personnes vont nous ouvrir les portes de l’Enfer et nous pousser dedans, certaines bien malgré elles.

L’auteur n’épargne absolument pas le lecteur. D’ailleurs, avec un thème pareil, comment faire autrement ? David Ruiz Martin nous tient par la nuque et nous écrase la tête dans le vice, dans la fiente, dans l’impunité, et nous apercevons ainsi le reflet d’une partie non négligeable de notre société. L’être humain peut être une sacrée sous-merde, c’est indéniable.

L’approche de ce thème insupportable est redoutablement bien pensée. Victimes, bourreaux, proies, tout est compliqué lorsque l’on a côtoyé les abîmes de près. Ces réseaux pédophiles, qui impliquent toutes les couches de la société - surtout celles « d’en haut » -, sont de vraies plaies qui ne se referment jamais. Une gangrène qui pue, qui pourrie, qui n’épargne personne et qui implique bien du monde. Ce n’est vraiment pas gagné. La vie continue tranquillement, emmenant avec elle une honteuse impunité.

Les protagonistes qui nous ouvrent les portes de la bassesse humaine sont d’une incroyable complexité. Les traumatismes sont des dommages inextricables et l’auteur traite ce sujet avec une telle profondeur que le lecteur ne remonte que difficilement vers la lumière.

Le dénouement est réaliste, efficace, sans espoir. Je pense que cette lecture va vous révolter, pour certains, et vous achever, pour d’autres. Bienvenue en Enfer, endroit où, de toute manière, vous vous trouvez déjà. 

À lire. 

Publié dans Littérature suisse

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