Noir - Marc Falvo

Noir 
Marc Falvo
Éditions Faute de frappe
372 pages

J’avais beaucoup aimé son bouquin « Rafale », un récit rythmé, dynamique, découpé à la serpe. C’est carrément un carpaccio qu’il nous servait, taillé à grands coups de hachoir.

Ici, comme pour dans « Rafale », le narrateur s’adresse indirectement à l’un des personnages, à la 2ème personne du singulier. Je dois admettre que cela donne un joli dynamisme, comme s’il le pointait du doigt. Ce personnage, c’est Léonard. Il sort de taule et tente de laisser son passé derrière lui.

Mais il y a aussi Franck. Lui, le passé, il n’arrive pas l’oublier. Car son passé lui a tout pris, injustement. Alors Franck - avec une certaine rage au ventre - va arrêter de ruminer, et enfin agir. 

Deux gars, deux vies de merde, et deux destins qui vont les réunir. 

La narration, le rythme, le ton, les chapitres courts, tout est fait pour que tu ne t’emmerdes pas une seule seconde. Ça avance, aucun temps mort, on passe de Franck à Léonard, puis de Léonard à Franck, et on se demande tout de même où tout cela va nous diriger. 

Au bout de quelques pages, j’ai eu ma petite idée. Et elle s’est avérée bonne. Par contre, le cheminement qui nous amène à cet état de fait, lui, je ne l’ai pas vu venir.  C’est plutôt très bien vu !

Cette écriture hachée, rapide et franche, agrémentée d’une certaine vulgarité toute poétique, donne un ton auquel j’adhère à 200%. C’est très humain, même si c’est assez inhumain, vous verrez. 

Marc Falvo aborde ici le thème de la vengeance. Il est bien tombé avec moi car c’est un thème qui me fascine et qui me fait réfléchir, vraiment. Est-elle réparatrice ? Utile ? Est-elle juste ? Mais juste par-rapport à quoi ? Est-ce qu’elle apaise … ? À partir de quand avons-nous vraiment payez pour notre crime ? Envers qui ? L’auteur, avec cette furieuse vengeance dont nous sommes ici les témoins, va donner quelques éléments de réponses. Ses réponses. 

J’ai aimé le fait que l’auteur aille chercher la douleur en profondeur, qu’il nous transmette ce long processus qui mène à la folie, même à une sorte de monstruosité. Oui, car vous et moi pouvons devenir des monstres. Il faut juste réunir tous les ingrédients … Et, surtout, il nous explique d’une façon limpide et claire que la vengeance, ce n’est pas si simple que ça … 

Je retiens une belle écriture, sèche, vivante et humaine. J’ai été ému par certains passages. Marc Falvo, au-delà de cette intrigue, nous mène vers des relations humaines touchantes et désarmantes.