LA FILLE DU POULPE / Faut pas prendre les enfants de la rue pour des connards sauvages - Maryssa Rachel

Publié le par Pascal K.

LA FILLE DU POULPE
Faut pas prendre les enfants de la rue pour des connards sauvages

Maryssa Rachel

Éditions Moby Dick / 2024
240 pages 

Vous connaissez peut-être la série de polars « Le Poulpe », créée il y a bientôt 30 ans, qui met en scène un jeune détective privée. L’originalité de cette collection est dans son auteur, ou plutôt dans ses auteurs. Il s’agit toujours d’un écrivain différent.

Ici, nous n’aurons pas directement affaire au Poulpe, mais à « sa fille » Gabriella. C’est elle qui prend la relève, depuis cette année. 

Quel style ! Je suis absolument fan. Nous ne sommes pas vraiment dans des palaces, c’est assez salace, voire même un peu sale. J’ai été surpris - en bien - par cette aisance rédactionnelle pour nous conter, avec des mots pas spécialement nobles, cette histoire pas si respectable.

Le patron d’un bistrot, quelque peu lubrique, aussi gras que sa viande et aux propos aussi huileux que ses frites, est retrouvé mort la tête plantée dans son four, deux balles dans la tronche.

Gabriella ne va pas s’intéresser au meurtre en lui-même, mais plutôt au comportement de ce sale type concupiscent qui aurait pu faire passer DSK pour un galant gentleman. Dans concupiscent, il y a « con » et « cul », et ces termes le définissent plutôt bien. 

En marge de cette « enquête », l’auteure nous fait prendre conscience ou reprendre conscience - un rappel ! - de la merde qui nous entoure et que nous avons parfois tendance à « oublier », comme cette colline du crack à la Porte de la Chapelle, à Paris. L’auteur se sert de cette intrigue aux personnages libidineux pour évoquer les travers d’une société de débiles qui part en couille - depuis un bon moment déjà. Maryssa Rachel, certainement en bonne observatrice du genre humain, décrit vraiment bien la stupidité humaine (pléonasme ?). Elle la décrit bien et, pour ne rien gâcher, avec un style qui claque, croyez-moi sur parole.

Étant vite ennuyé par le trop politiquement correct, je dois admettre que j’ai vraiment pris mon pied. L’auteure ne mâche pas ses mots, elle les crache d’un jet précis sur le papier, à l’instar de son héroïne. 

Cette fille, franchement, elle me fascine (l’héroïne, pas l’auteure, je ne la connais pas). Elle vit pour et par ses combats, notamment en dénonçant toute violence faite aux femmes - pas gagné … -, et elle le fait sans demander son reste. Indépendante, LIBRE, parfois avec le poing dans la poche, mais jamais la gueule. 

J’ai vraiment aimé ce récit qui se lit d’une traite, comme on descend une bière lorsqu’on a bien soif. 

À lire. 

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