Rétiaires(s) - DOA

Publié le par Pascal K.

Rétiaire(s)
DOA 

Éditions Folio / policier / 2024
424 pages

L’auteur nous lance une intro nébuleuse, opaque, et c’est difficile d’y voir clair car, bien entendu, c’est sombre et obscur. Je parle de l’atmosphère et de l’ambiance que tu essayes d’absorber, méfiant, comme face à un coup de poing.

Un flic flingue un suspect, à bout portant, dans les sous-sols du Bastion, un autre part en retraite, soulagé, une autre débarque. Nous sommes au 36 et c’est très tendu.

L’auteur livre son récit comme s’il enchaînait des uppercuts. C’est froid, découpé à la serpe, ça fait plutôt mal. En tant que flic, j’aborde ce récit avec quelques douleurs. Ce qui arrive à ce gars des stups qui a buté un suspect, je ne le souhaite à personne. C’est l’enfer, c’est la taule, et c’est assez dégueulasse. C’est de loin pas mérité. Chapeau à l’auteur pour la qualité de ce volet du récit se déroulant entre quatre murs

DOA nous enfouit avec réalisme dans un monde de petites frappes, tout de même dotés d’une bonne puissance de frappe, face à une police efficace, mais aussi démunie pour ce qui a trait aux moyens et au soutien. Bref, rien de nouveau à ce niveau-là. 

Ce récit, d’une belle densité, met en lumière des clans soudés - plus ou moins -, principalement un, celui de manouches établis à Paris. L’auteur nous donne l’opportunité de passer par diverses émotions, en partant de la commisération, puis l’affection, pour aller parfois jusqu’à une sorte de sympathie. Il y a beaucoup d’honneur dans cette histoire, mais aussi pas mal d’horreur et de trahison. Parfois, l’un ne va pas sans l’autre. 

J’ai aimé ce réalisme pur et dur, à savoir que lorsque tu es flic, un flic efficace, tu navigues forcément vers des berges diamétralement opposées. La barrière séparant le flic du voyou, bien trop lourde, coule parfois carrément au fond de l’eau. La fin justifie-t-elle les moyens ? Oui, sans aucun doute. 

Des trafics de stups, complexes, confus - donc très réels - vous propulsent vers une violence authentique. L’enquête, d’ailleurs, l’est tout autant.

L’auteur, impartial, nous relate des faits qui, malheureusement, dépeignent largement une bien triste réalité. J’ai parlé avant d’honneur, d’horreur et de trahison. Il y a encore une action qui me semble indissociable de ces caractéristiques ; la vengeance. 

C’est cash, c’est sombre, c’est bien rugueux, sans concession, c’est à lire.

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