Les corps sur la neige - Stéphane Ledien

Publié le par Pascal K.

Les corps sur la neige 
Stéphane Ledien

Éditions Robert Laffont / 2024
422 pages

L’auteur nous propulse dès les premières pages, la tête la première, vers des sphères dirigeantes et corruptibles - pléonasme -, pourries jusqu’à la moelle, dans lesquelles évoluent le crime organisé et des élus locaux - re pléonasme ?

L’octroi et la gestion de contrats publics, à Montréal, constitue le noyau de cette intrigue, des faits qui sont justement mis sous le feu des projecteurs par une commission d’enquête, soit la Commission Charbonneau. Petite parenthèse, ces faits de corruptions ne sont pas fictifs.

Nous tournons ces pages comme si nous suivions les images d’un bon film d’action. Entre de l’intimidation, du nettoyage, quelques assassinats et représailles, de la surveillance, une bonne dose de méfiance ou encore de recherches de renseignements - dans les deux « camps » -, le lecteur navigue à vue parmi tous ces acteurs liés à une belle affaire de malversations aux ramifications tentaculaires, si ce n’est pas spectaculaires.

Entre ces lignes, vous aurez l’honneur de croiser une journaliste d’investigation américaine en sursis, une tueuse mexicaine liée à un ancien agent canadien des renseignements militaires, mais aussi - et surtout ! - un ancien chasseur alpin et tireur d’élite, devenu déblayeur de toits, ou encore un ancien agent du FBI plus ou moins repenti.

Mais aussi ce flic de Montréal, un homme ordinaire, calme, réfléchi, qui ne lâche absolument rien. Ce mec m’a profondément marqué par sa ténacité, son intégrité - il faut bien la chercher dans cette histoire ! - et sa confiance en son jugement, quasiment sans faille.

Tous ces personnages, qui jouent la plupart sur plusieurs tableaux, vont être aspirés vers une suite d’événements qui ne s’arrêteront que difficilement. Chacun d’eux, à sa manière, va faire évoluer diverses situations dans un sens comme dans l’autre. Témoins privilégiés de leurs faits et gestes, nous allons pouvoir comprendre petit à petit tous les enjeux de ces manœuvres hasardeuses, pour certaines, et terriblement bien réfléchies, pour d’autres.

L’auteur nous démontre plutôt bien comment une organisation criminelle peut être bancale, lorsque plusieurs personnes se retrouvent « dans la confidence » et, surtout, parce toutes ces personnes sont profondément humaines, à savoir avides de fric et de pouvoir. Ces systèmes sont des vis sans fin qui s’écrasent toujours un peu plus dans la merde, sans aucune possibilité de les retirer. 

Stéphane Ledien nous offre un récit découpé à la serpe, en usant d’une écriture froide et sans concession. Tenter de sauver sa peau, son honneur, ou d’essayer de tenir le maximum de personnes par les couilles est un peu le « sport national » dans cette intrigue. 

Au final, l’auteur nous offre un roman noir … bien noir, comme je les aime. Merci …

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