C'est quoi ce bordel ? - Bruno Gaccio

C’est quoi ce bordel ?
Bruno Gaccio
Éditions Massot / 2023
285 pages 

C’est quoi ce bordel ? Ce bordel est un polar écrit au feeling, selon l’auteur. Ce bordel est l’histoire d’un flic, un bon flic, qui s’est tiré une balle dans la tête et qui s’est loupé. Manque de chance, selon lui. Et c’est ce flic, au summum de la dépression, qui va nous raconter son histoire.

En allant chaque jour au cimetière - où il aurait normalement dû finir -, il croise une femme, semblant être aussi abattue que lui. C’est sur la tombe de sa fille, frappée, violée puis tuée, qu’elle se rend tous les jours. Bertrand Morillo, notre flic qui n’est plus vraiment flic, va s’en mêler à sa manière et tout reprendre.

Je veux bien croire que ce récit est écrit au feeling. J’irais même plus loin, c’est « pondu » avec les tripes. Il y a de la profondeur, de l’intensité et de la spontanéité dans le ton et beaucoup de subtilité dans la forme. C’est adroit, intuitif et très intelligent. Oui, l’auteur y met les formes - ses propres formes ! - et sans retenu. J’aime beaucoup ça.

Ça va très très vite avec une belle puissance de frappe. L’auteur ne semble pas s’emmerder à chercher ses mots, il les pose. Le résultat est très bon et j’adhère sans émettre aucune réserve.

Est-ce que Bruno Gaccio côtoierait un peu le milieu flic. Perso, j’évolue depuis un bon bout de temps dans cette sphère et je peux me permettre d’affirmer que le réalisme est bluffant, que cela soit pour les méthodes d’enquête, le rythme, la « manière de faire » ou pour les émotions et les ressentis. C’est cash et débordant de franchise. Le boulot de flic, ça peut casser une gueule, la preuve en est dans ce bouquin …

Le personnage - ce flic à la gueule cassée, justement, mais à la cervelle qui fonctionne à haut régime - me plait beaucoup. Franchement, il est malin, coriace, sans en avoir vraiment l’air. 

Ça m’a épaté de percevoir à quel point l’auteur semble être à l’aise pour faire parler ses personnages, avec humour, humeur, sarcasme et beaucoup d’ironie. La « subtilité d’esprit » est énorme et c’est un régal de tourner ces pages. Encore une fois, cette spontanéité donne vraiment l’impression que les personnages se suffisent à eux-mêmes, qu’ils étaient là bien avant ce bouquin et qu’ils continueront leur chemin même après avoir tourné la dernière page.

Au final, l’auteur va vous emmener vers une accumulation d’emmerdes, en roue libre, sans aucune possibilité de se stopper. 

A lire.