Pourquoi tu pleures ? - Amélie Antoine
Pourquoi tu pleures ?
Amélie Antoine
Éditions Le Muscadier noir / 2023
282 pages
Si vous attendez un enfant, ou que vous venez d’en avoir un, je vous conseille de vous blinder avant de lire ce récit !
Tu te réveilles un jour à 0200 h du mat, ton mari et ton bébé de quelques mois ne sont toujours pas rentrés de chez un pote qui organisait sa pendaison de crémaillère. Ils ne reviendront d’ailleurs jamais. Surprise, interrogation, déni, colère, panique ! Début d’enquête et début d’une quête (de vérité !).
Et puis nous retournerons en arrière, bien quelques fois, guidés par l’auteure qui a décidé de nous dévoiler quelques flash-backs, nous aidant ainsi à discerner plus ou moins où nous mettons les pieds. C’est là que nous comprendrons, petit à petit, pourquoi les choses sont devenues ce qu’elles sont, dans ce présent très pesant. Ces flash-backs prendront la forme de lettres écrites par une fille à son père décédé.
Amélie Antoine parle ici de violences traîtres, cachées, presque invisibles. La pire des violences ? Probablement. La toxicité qui émane de ces pages est étouffante et dégoûte au plus haut point. Les douleurs et les souffrances incomprises – ignorées ! - d’une personne sont un double châtiment. Un sentiment d’injustice, lié à une solitude inévitable, en est presque une suite logique.
Le ton de ce récit est alarmant, le contenu cassant et les mots font mal. Vous savez pertinemment de quel genre de violence psychologique je fais mention et je peux vous assurer que l’auteure a su mettre en scène une femme dont les propos nous déchirent le cœur. Comment la chair de ta chair peut-elle devenir un potentiel adversaire ?
Le ton de ce récit est d’une noirceur colossale et, en même temps, il s’y dégage de la bienveillance. C’est totalement paradoxal mais c’est ce que j’ai ressenti. Les mots d’Amélie Antoine résonnent tellement fort par leur puissance que l’écho qui en résulte ne cesse jamais durant la lecture.
Ce sombre récit démontre à quel point une personne peut se retrouver injustement seule « face au reste du monde ». Et lorsque le sentiment d’injustice te rattrape, lorsque tu souffres, et bien tu commets peut-être des actes qui ne te ressemblent pas et qui ne te définissent pas.
Je vous conseille de lire cette histoire qui risque de vous marquer mais qui aura aussi l’avantage de vous faire réfléchir sur un phénomène qui est loin d’être anodin !
Bonne lecture.