La Grande Maison - Lucien Vuille

Publié le par Pascal K.

La Grande Maison
Lucien Vuille

Éditions BSN Press / 2022
186 pages

Lucien Vuille a travaillé quelques années à la police judiciaire du canton de Genève, en tant qu’inspecteur. Avec cette œuvre, il nous retrace ici son parcours, soit l'histoire d'un homme qui entre dans "La Grande Maison" et qui, par la même occasion, découvre cette ville. Étant moi-même inspecteur à la police judiciaire (dans le canton de Fribourg), j’ai trouvé son récit intéressant, dans le sens où j’ai pu me faire une idée plus précise sur leur fonctionnement. Bilan : le job est similaire, mais certaines méthodes un peu moins.

Durant sa carrière de flic, Lucien Vuille a parcouru un chemin qui n’a pas toujours été lisse et encore moins propre. Il nous raconte sans détour les difficultés qu’il a rencontrés, les situations qui l’ont contrarié ou encore les collègues qui l’ont bien gonflé, agacé, voire carrément cassé.

L’auteur nous relate notamment son passage aux stups que je pourrais qualifier de compliqué et très délicat. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais je vais formuler cela en une seule question : la fin justifie-t-elle les moyens ? A méditer. Quoiqu’il en soit, il faut admettre que c’est un milieu complexe, périlleux, parfois confus, et ce n’est pas évident de faire constamment la part des choses. Je suis également flic, je ne jugerai pas, ce n’est pas mon job.

Il y a pourtant une fameuse ligne qu’il ne faudrait idéalement pas franchir. Ici, selon ce récit, cette ligne a été piétinée bien souvent, parfois en appuyant bien fort dessus. Tel que c’est relaté dans ce bouquin, je ne cautionne pas. Bien évidemment, au bout d’un certain temps, tu peux avoir « la haine », et je sais de quoi je cause. Mais là, dans ces moments critiques, tu essayes alors de prendre du recul avant de vraiment péter un câble, de déraper et finir contre un mur.

Bien sûr, comme partout, il y a celles et ceux qui dérapent et sortent de la route tous les 100 mètres, mais il y a aussi tous les autres, droits et intègres. Lucien Vuille parle aussi de ces gens-là, des personnes qui l’ont respecté, formé et poussé sur la bonne voie. Les anecdotes licencieuses et salaces - une réalité … - ne manquent pas et elles risquent bien de vous surprendre. Une certaine noirceur émane aussi de ce récit. C’est touchant, vraiment, surtout si vous avez aussi eu un jour un collègue - un ami … - qui s’est donné la mort.

J’ai beaucoup aimé cette façon de relater un parcours professionnel. J’en sais à présent un petit peu plus sur la manière dont était gérée la PJ à Genève. Je résumerais ce bouquin en une seule phrase : comment briser un passionné …

Pourquoi avoir écrit ce livre ? Un exutoire ? Dénoncer ? Ou alors est-ce encore pour d’autres raisons ? Je pense que cela ne regarde que le principal intéressé.

A lire. 

Publié dans Littérature suisse

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