Lucia - Bernard Minier

Publié le par Pascal K.

Lucia
Bernard Minier

XO Éditions / 2022
474 pages

L’auteur aime vraiment se mouiller ! C’est une nouvelle fois sous un temps de cochon que nous nous approchons d’une scène de crime. Nous découvrons dès les premières pages deux personnages notables. Lucia, flic à la PJ de la Guardia Civil, et l’environnement. Eh oui, pour moi, Bernard Minier crée rapidement un univers dans cet ouvrage - comme dans les autres, d’ailleurs – et cet univers se mue en un personnage à part entière.

L’analyse de crimes - une jolie entrée en matière -, fera en sorte que la science s’associe à la justice. L’auteur couche sur ses pages un groupe de jeunes étudiants en criminologie qui vont, sous l’influence de leur professeur, enquêter sur une série de meurtres. Franchement, c’est original. Je ne crois pas l’avoir déjà vu ailleurs. Salamanque et son université vont également prendre la place d’un sacré personnage.

C’est un long voyage que nous allons faire, un périple à travers l’Espagne qui nous conduira aussi vers les mémoires d’un crime odieux, commis il y a trente ans. Le premier. 

Traverser ces quelques villes et villages riches en histoire et en architecture fourni au lecteur - c’est clairement mon cas - une certaine émotion. C’est souvent assez énigmatique et parfois même inquiétant de fouler le pavé en se traînant parmi ces vieilles pierres qui, si elles le pouvaient, nous raconteraient bien des histoires. Ça, l’auteur semble l’avoir bien compris. Le village de Graus, dans la communauté d’Aragon, au nord de l’Espagne, m’a offert ce genre d’émotion.

Ce récit est un vrai pèlerinage du crime, un chemin de croix - dans plusieurs sens du terme - où le hasard n’a pas sa place. Cette lente et captivante entrée en matière - la première moitié du bouquin - nous réserve une continuité qui monte en intensité. Cet « art » de mettre les choses bien en place – avec habilité -, dans un décor captatif, est une belle force de l’écrivain.

Bernard Minier nous pousse aussi vers l’horreur absolu et, étonnamment, j’avoue que je ne m’y attendais pas. La magnificence et le magnétisme des lieux parcourus a certainement dû me faire baisser la garde !

Mais ce que j’ai vraiment apprécié, c’est l’effet de cet étau qui se resserre toujours un peu plus, sans jamais pouvoir se rouvrir. Il peut se coincer un moment, bien entendu, mais sans pour autant faire machine arrière. Oui, j’ai aimé cette enquête qui, menée avec une telle détermination et intelligence, a permis de tourner le levier jusqu’au bout. Mais attention, ce n’est pas aussi simple que ça non plus.

L’auteur donnera encore quelques tours de vis supplémentaires, jusqu’à ce que l’étau broie ses propres mâchoires - presse jusqu’à la moelle ! - et fasse ainsi surgir une vérité qui avait bien de la peine à pointer son nez. Cette conclusion, soyons honnête, je l’ai vue un peu venir, mais je suis toujours resté dans le doute. Et être dans le doute, j’aime bien ça !

J’ai tout de même été bluffé par ce dénouement qui m’est apparu presque par surprise. Comment c’est possible ? Je me comprends … A vous de voir, à vous de lire. 

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