Dans les brumes de Capelans - Olivier Norek
Dans les brumes de Capelans
Olivier Norek
Éditions Michel Lafon / 2022
429 pages
Pour moi qui ai toujours nourri une préférence pour les trois premiers polars - authentiques ! - de Norek, écrits au 9mm, mettant en scène Victor Coste, c’est avec une certaine avidité que j’ai ouvert ce bouquin.
Côtoyer à nouveau ce flic vrai, humain et intègre, ce chef de groupe qui a compris que la cohésion d’une équipe soudée est l’essence-même de la réussite et du maintien d’âmes malmenées (!!), et bien c’est comme retrouver un vieux pote perdu de vue depuis bien longtemps. Trop longtemps. Qu’as-tu fait durant tout ce temps ? Et, surtout, comment vas-tu depuis … ? Question légitime …
Olivier Norek nous précipite dans son polar avec un prologue mémorable. En seulement quelques pages, il nous dresse un tableau plus que complet d’une harassante affaire criminelle longue de 10 ans. Le temps d’un bref effeuillage, il nous conditionne et nous implique totalement dans une enquête qui, pour ma part, me tracasse dès le départ. Tout cela en seulement quelques pages.
Cette épuisante et laborieuse enquête sur la disparition de nombreuses adolescentes, va impliquer Victor Coste un peu à ses dépens, car notre homme s’est quelque peu réorienté professionnellement, depuis …
Il ne s’est pas vraiment mis au vert mais, d’une certaine manière, il n’en est pas loin, dans une ambiance aussi blanche que brumeuse, dans un univers devenant de plus en plus noir. Ces teintes vous inspirent-elles ?
La psychologie aura ici un rôle décisif et se mettre à la place de l’autre s’avérera primordial pour l’enquête. Olivier Norek nous plante face à une intrigante victime, Anna, qui peut se replier à tout moment mais qui doit absolument parler. Ce rôle d’équilibriste de la psyché, sans filet et exécuté en haute altitude, sera évidemment attribué à Victor Coste.
Le doute et l’ambiguïté prendront la place de deux personnages à part entière, des êtres tapis dans l’ombre et qui apparaissent aussi lentement que soudainement, en se pointant devant nous, avec défiance. Méfiance. Que croire ? Qui croire ?
Pour moi, le personnage de Coste constitue l’entier du bouquin. Il est l’histoire, il fournit toute la matière première - l’émotion ! - dont l’auteur a besoin pour construire cette trame. Les contacts et les interactions en sont l’essence. Oui, les relations humaines sont fortes, touchantes, et composent le moteur de cette intrigue qui n’est pas loin du huis clos. L’ambiance - la promiscuité ! - de cette île de Saint-Pierre (sud du Groenland et de Terre-Neuve) y est pour beaucoup. Cette immersion, cette ambiance, m’a maintenu en équilibre sur un fil en me tenant juste par le bout de la manche.
L’un des personnages de cette histoire m’a fait un peu penser à une jeune fille d’un thriller de Pierre Lemaitre, qui se prénomme « Alex ». Je n’ai jamais pu oublier cette « Alex », de Lemaitre, et je sais que je n’oublierai jamais cette « Anna », de Norek. Pourquoi ? Car les âmes complexes m'attirent … Norek place l'humain sur le devant de la scène, tout au bout en équilibre, prêt à tomber au moindre souffle.
J’aurais encore mille choses à dire, mais je les garderai pour moi. Il y a certaines émotions sur lesquelles je n’arrive pas mettre de mots. Il faut simplement les vivre, alors lancez-vous dans cette belle, profonde et tragique histoire.
L’âme humaine, en souffrance, est parfois inextricable, indéfinissable et une sacrée sale p…
Bonne lecture.