Voyage au bout de l'enfer, Florent Marotta

Publié le par Pascal K.

Voyage au bout de l’enfer
Florent Marotta

Cosmopolis Éditions / 2021
558 pages 

C’est un décor sulfureux constitué de plaisirs et de souffrances qui s’offre à nous, dévoilé par l’ouverture d’un rideau orné de cuir et de chaînes. Le monde du BDSM, son art, ses pratiques, ses raisons ou ses prétextes semblent être au centre de cette première scène.

Une flic, Lucie, fraîchement mutée à la PJ de Lyon en tant que cheffe de groupe, pourra peut-être nous donner quelques réponses à ce sujet, notamment quant aux « mobiles » d’une telle pratique.

Arrivée à son nouveau poste, elle est appelée, avec son groupe, sur une scène de crime dans un parc lyonnais. Ou plutôt, une scène d’horreur, un charnier. Début d’enquête.

Une fois de plus, j’ai pu remarquer que le fait que l’auteur soit flic n’est pas anodin. Franchement, on ne peut pas tromper son monde à ce sujet. Cela se remarque au premier coup d’œil - sur une scène de crime, par-exemple. Pour moi, qui le suis également, il y a des signes éminemment révélateurs. Une simple mesure particulière mais déterminante, un réflexe, une odeur ou même une simple impression relève ici du vécu. 

L’auteur nous dévoile une enquête très réaliste, avec les déceptions, les attentes, les frustrations ou encore le sale boulot chiant et ingrat qui va avec. C’est la réalité et une enquête ne se règle pas d’un claquement de doigt ou à coups de hasard. Ça se saurait …

Le lien, il faut souvent le chercher et le débusquer. Ici, pas d’exception, il va apparaître en une image déstabilisante et inquiétante, d’autant plus que l’auteur se réfère à des faits réels. Les pièces du puzzle constituant cette image vont coincer bien des fois et il faudra peut-être essayer de les placer ailleurs. La pression se fait également bien ressentir, administrée par des « autorités » contaminées par des aspects politiques et influencées par des accords ou des amitiés qui n’ont rien à faire là. Une réalité, encore …

Pour en finir avec l’aspect de l’enquête, j’ai envie de rajouter que l’auteur a trouvé le dosage parfait entre la lenteur réelle d’une enquête et les raccourcis qu’il faut irrémédiablement prendre pour éviter d’écrire un bouquin de 2000 pages. Et ça, ce n’est certainement pas une sinécure.

Mais bon, c’est aussi sur le plan humain, sur les relations interpersonnelles que je vais me pencher ici. En lisant ce bouquin, vous ne pourrez pas faire abstraction de l’humeur de cette flic, Lucie, de son tempérament, de sa manière d’être, de son malaise ? Cette femme est un paradoxe à elle toute seule, bourrée de défauts qui se révèlent être finalement des qualités et pleine d’atouts qui vont apparaître un peu comme des fils à la patte. C’est déstabilisant. 

Au niveau de l’intrigue, l’auteur cultive très bien le suspense. Vers le milieu de l’ouvrage, notre enquête aurait presque pu être considérée comme close … Mais c’est sans compter sur un retournement de situation et, surtout, une vérité qui n’était jusque-là que superficielle. 

Bonne intrigue. L’auteur soulève ici des sujets sensibles comme la place de la femme dans la société, les violences conjugales liées au à la perversion narcissique, les préjugés, la corruption, les croyances ou encore le milieu sectaire. 

Au final, Florent Marotta va vous conter ici une aventure bien macabre, qui se tient et qui risque de vous marquer par son côté réaliste mélangé à une imagination quelque peu sinistre.

A lire. 

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