Sans retour, Tom Clearlake
Sans retour
Tom Clearlake
Éditions Moonlight / 2021
626 pages
Ce genre de pavés de plus de 600 pages peut s’orienter - en tout cas - dans deux directions. Soit vers des centaines de pages inutiles, creuses, servant uniquement à gorger le récit de détails superflus et lourds, ou alors vers une sacrée maîtrise d’écriture en termes de gestion du rythme. Eh oui, ce n’est pas rien de maintenir une pression constante sur autant de pages.
Quid de ce pavée ? Tombe-t-il directement dans la mare ou alors le reçoit-on en pleine gueule ? En toute honnêteté, c’est un mélange des deux. Je m’explique.
L’auteur nous offre un huis-clos - du moins en bonne partie -, un genre que j’affectionne tout particulièrement et sur lequel j’en attends toujours beaucoup. Bien trop souvent, un manque d’originalité se faire vite ressentir. Ici, ça démarre bien, même très bien puis, au fil des pages, mon enthousiasme est descendu de quelques échelons.
Nous sommes dans le Montana, où un puissant blizzard fige toute une région. Une famille et quelques-uns de leurs amis, en vacances dans un lodge situé dans les Rocheuses, vont être coupés du monde durant presque 20 jours. Lorsque les secours arrivent enfin, ils remarquent que cinq personnes manquent à l’appel et que le soldes est dans un état de choc extrêmement lourd, pour ne pas dire traumatisés.
Un agent du secteur, grand fan d’Agatha Christie et de Columbo, sera chargé de prendre les premières dépositions à l’hôpital. Choisi par sa hiérarchie pour sa discrétion - l’une des victimes étant un puissant entrepreneur de la région -, cet agent va finalement nous en mettre plein la vue par sa détermination et son grand sens de la déduction.
Dès le départ, quelques fausses notes iront lui écharper les tympans. Que s’est-il réellement passé dans ce luxueux refuge, durant cette longue tempête ?
L’auteur va donc rembobiner le film pour nous et ainsi nous dévoiler le cours de ces événements, jour après jour. Après une centaine de pages, le cadre est posé, les présentations sont faites, nous sommes bien en place. Jusque-là, j’adhère. Ce début d’enquête et l’entrée en matière du « huis-clos » sont impeccables.
Puis, vers la moitié du récit, j’avoue que mon engouement s’est quelque peu dégonflé. J’en attendais plus sur les aspects psychologiques liés à la situation. Dans un huis-clos, pour moi, ce sont les personnages, leurs psychés, leurs fonctionnements ou leurs actions qui donnent le rythme. Ici, ces caractéristiques sont pourtant présentes mais ne m’ont pas pleinement convaincu.
Pourquoi ? Dur à exprimer. C’est « trop ». Trop prévisible, trop tarabiscoté, trop de surenchères, avec un léger manque de finesse. J’aime les effets de surprises et, sur ce point précis, je me suis retrouvé face à un rempart.
Le récit est très bien écrit, rien à redire. Mais j’ai été gêné par ces pénibles longueurs, ce rythme qui s’effrite parfois et par cette trame qui, pour moi, manque de subtilité et de surprises.
Pour finir sur une bonne note, je dois admettre que j’ai aimé suivre l’évolution mentale – prises de conscience - du personnage de John, ou encore le charisme de ce flic qui m’a impressionné. Très bon point.
Voilà, tous les goûts sont dans la nature, à vous de juger.