Exil pour l'enfer, Gwenael le Guellec

Publié le par Pascal K.

Exil pour l’enfer 
Gwenael le Guellec

Éditions Les Nouveaux Auteurs / 2021
598 pages 

Dans son premier ouvrage, l’auteur nous faisait voyager entre la Bretagne, les Pays-Bas, la Norvège, mais aussi l’Islande. Cette fois-ci, nous foulerons à nouveau le territoire breton - Brest, en particulier -, et quelques nouvelles destinations comme Berlin - au Berghain ! -, Budapest, Tallinn, l’Ecosse, la Finlande ou encore la Russie.

Dans « Armorican psycho », nous avions croisé la route de Yoran, cet homme adepte du monde de la nuit. Non pas qu’il soit particulièrement fêtard, voire pas tout, mais Yoran est atteint de monochromatie ; il voit tout en noir et blanc et ne supporte donc pas la lumière. Nous allons à nouveau faire un bout de chemin avec lui, un périple qui débutera à Brest, sa ville natale.

Une triple exécution dans la taïga, entre la Russie et la Finlande, la disparition de l’équipage d’un navire et, surtout, de douloureuses retrouvailles émanant du passé ; voici les divers ingrédients qui vont pousser Yoran vers une sordide affaire.

Gwenael le Guellec a l’art de nous faire beaucoup voyager, avec un style bien descriptif et détaillé. Il prend son temps. C’est louable, oui, mais pas pour un lecteur tel que moi. J’ai eu de la peine à entrer dans l’histoire et, lorsque tu sais que le bouquin fait 600 pages, ce n’est pas des plus réjouissant. J’aime les descriptions, c’est sûr, mais il faut que cela soit parfaitement dosé. Il s’agit là d’un ressenti très personnel. 

L’auteur prend son temps - et le nôtre - mais, au bout d’un moment, nous sommes tout de même récompensés. Ce récit, qui turbine au diesel, prend tout à coup un joli rythme de croisière. Yoran, que nous ne lâcherons plus, nous emmènera bien malgré lui vers un passé - pas spécialement le sien ! - qui va sans doute le rattraper. 

Nous ne sommes certainement pas responsables des agissements de notre propre famille, c’est vrai, mais cela ne nous épargne pas d’être impliqué un jour ou l’autre dans les conséquences des actes de ses membres. Yoran, fouineur dans l’âme, va assurément pouvoir vous l’expliquer concrètement. 

J’ai aimé cette intrigue effroyable, ses personnages, son atmosphère mais, au final, le rythme m’aura définitivement posé un problème. Pour moi, un thriller doit décaper, décoiffer et garder une pression plus ou moins constante. Oui, Gwenael le Guellec nous en met plein les yeux en nous faisant énormément voyager, et c’est tout à son honneur. Mais toutes ces descriptions, ces détails et ces interminables voyages m’ont tout de même fait atterrir malgré moi alors que le rythme de croisière était bien lancé, dommage. 

Une fois dans l’action, avec une certaine pression dans les veines, j’aime la sensation de ne plus pouvoir reprendre mon souffle. Ici, j’ai trop souvent eu l’occasion de me reposer. C’est assez paradoxal, j’avoue, car la trame est forte, mais le rythme demeure pour moi lénifiant.

Gwenael le Guellec, dans ce récit, donne un sacré coup de pied dans un socle qui avait peut-être l’avantage de maintenir un certain équilibre sur une condition humaine pourtant déjà en sursis. Dire que nous sommes tous égaux relève ici de l’euphémisme. C’est très bien amené ! Peut-on se racheter, quoi qu’il arrive ? Encore une question intéressante. La rédemption peut coûter très cher. 

A lire, malgré un rythme qui ne m’a pas convenu. 

 

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