Le meurtre de Roger Ackroyd, Agatha Christie

Publié le par Pascal K.

Le meurtre de Roger Ackroyd
Agatha Christie

Librairie des Champs-Elysées / 1927
317 pages 

Nous voici dans un petit village d’Angleterre où tout le monde se connaît, où les habitants se saluent, discutent un peu, se jaugent avec cordialité. Un village qui a des oreilles un peu partout ! On veut savoir qui a dit quoi, qui a fait quoi, avec qui. Et puis un beau jour, il y a des morts. Mort naturelle ? Non, suicide, elle n’allait pas bien, paraît-il. Moi je pense que le mari a été empoisonné, non ? Bla bla bla ... Ragots ! 

Par contre, lorsque l’industriel Roger Ackroyd va être découvert mort, chez lui, un poignard planté dans la nuque, il n’y aura évidemment pas d’équivoque.

J’aime énormément cette ambiance de vieille Angleterre, ce côté vieillot, cette bienséance très british - franche ou non -, ou encore ces lieux emplis de caractère, prenant nettement la place d’un personnage à part entière ! Ces grandes demeures, avec le domestique aux agissements ambigus ou encore le secrétaire de Monsieur - trop ? - bien sous tout rapport. Somme toute, une foultitude de personnages trop polis pour être honnêtes !

Et cette narration ! On ne peut rien enseigner à Agatha Christie qui, elle, a tout à nous apprendre à ce niveau ! Ici, c’est le Docteur Sheppard qui nous comptera cette histoire et c’est lui que nous ne lâcherons pas d’un fil.

Notre détective belge, Hercule Poirot, entrera en scène - de crime ? - d’une manière remarquable. Son approche est aussi méthodique qu’intuitive. Démontrant un intérêt marqué pour le plus infime détail - surtout le plus insignifiant ! -, son enquête progressera tout en finesse, sans relâche, ne laissant aucune chance à l’adversaire.

J’aime sa façon de manipuler les gens en douceur, sans en avoir l’air ! J’aime également son côté « imbu de lui-même », le terme modestie ne devant certainement pas faire partie de son vocabulaire ... En général, je n’apprécie pas vraiment ce genre de personne mais, chez lui, ça passe ! Finalement, j’ai appris au fil des pages à aimer son excès de confiance, sa force de persuasion et le fait de ne jamais rien laisser au hasard. Un vrai paradoxe sur petites pattes à lui tout seul ! 

Ce qui est fascinant dans cette intrigue, c’est que le narrateur, le Dr Sheppard, - donc nous aussi ! - est mis dans la confidence par un Hercule Poirot qui lui dit tout mais qui, paradoxalement, ne lui révèle rien. Quel tour de force ! 

Et, bien entendu, une scène propre aux œuvres d’Agatha Christie nous sert de dénouement, une conclusion théâtrale, subtile et tout en finesse. Hercule Poirot nous dit tout, nous dévoile le résultat du travail issu de ses cellules grises, nous déballe tout ce qu’il savait déjà depuis longtemps. Brillant !

Bonne lecture. 

Publié dans Littérature anglaise

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