Hortense, Jacques Expert

Publié le par Pascal K.

Jacques Expert 
Sonatine Éditions / 2016

Le Livre de Poche 
345 pages

Un court chapitre d’introduction nous place face à une vieille affaire de disparition, datant de 25 ans. Hortense, 3 ans, se faisait kidnapper à son domicile, sans que la mère puisse empêcher cet acte. 

Aujourd’hui, des faits nouveaux remettent en question toute l’enquête. J’aime ça, oui, mais la mayonnaise n’a pas vraiment pris avec moi. Je sais, suis pénible, mais je vous expliquerai pourquoi.

Nous allons alterner entre des dépositions de police nous ramenant au passé par la mémoire des personnes auditionnées et les propos / actes de cette mère restant inlassablement engluée dans un deuil paralysant, entre peines et espoirs. Folie ?

Jacques Expert a choisi de nous faire vivre cette intrigue par la voix de personnes qui se souviennent, ce qui permet d’obtenir un sacré réalisme. Plus nous progressons, plus nous comprenons les fais, mais plus nous doutons aussi. Cette mère, terriblement possessive, ex-victime d’une relation au sein de laquelle régnait un pervers narcissique, nous rend très méfiants. 

Que croire, qui croire durant ce récit ? Les témoins auditionnés ? La mère ? Faut-il prendre ses paroles pour argent comptant ? 

L’auteur contient cette intrigue criminelle dans une sphère d’incertitude. C’est ambigu. Nous sommes partagés entre plusieurs sentiments allant de l’indulgence à la pitié, en passant parfois par une sorte d’agacement. Ça, c’est plutôt bien vu ! 

Par contre, ce qui m’a quelque peu désenchanté, c’est clairement le rythme. Par rapport à l’événement qui nous préoccupe ici, j’estime avoir compris la situation, les enjeux, sans que cela soit répété ou traîné en longueur. Je me suis surpris à exprimer à haute voix : « allez, passe à la suite ... » !

Oui, cela nous permet d’être toujours un peu plus proches des personnages, d’être davantage impliqués ou d’être inclus dans leur sordide affaire. Mais, personnellement, j’ai eu le sentiment de faire un peu du surplace, d’évoluer tranquillement sur un tapis-roulant que j’ai abordé du faux côté.

Tout ceci nous amène vers un dénouement qui fait plutôt froid dans le dos. Il démontre le niveau de folie que peut atteindre un être humain piégé dans une sorte de d’angoisse, de souffrance et de frustration. L’amertume et la peur liées à une situation peuvent conduire vers d’étonnants transferts ! Je n’en dirai pas davantage. 

Ce dénouement, malheureusement, je l’avais déjà anticipé depuis un moment. J’avais même l’image en tête ! L’effet de surprise est donc resté au point mort et à une bonne distance, dommage ! Néanmoins, ce récit reste très intéressant sur un plan psychologique, voire psychique, mais n’aboutira pas sur un coup de cœur !

Bonne lecture. 

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A
J'en garde le souvenir de cette fin horrible....
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P
Oui je comprends, mais je l'ai trop vu venir, malheureusement.