Nous rêvions juste de liberté, Henri Lœvenbruck
Nous rêvions juste de liberté
Henri Lœvenbruck
Éditions J’ai lu / 2017
492 pages
Après quelques pages tournées, je pouvais déjà me forger ma propre opinion : c’est une putain d’écriture constituée d’une encre qui s’infiltre et coule directement dans les veines !
Providence. Une ville ouvrière qui étouffe sous la misère, truffée d’aciéries et de fonderies. On zoome, juste un peu, et on aperçoit une famille foudroyée et détruite par le destin, avec comme unique perspective une vie sans lueur. On zoome davantage et on peut ainsi observer le jeune Hugo, étriqué au milieu de cette famille dévastée, qui rêve, lui, juste de liberté et peut-être aussi d’être aimé !
J’use mes semelles dans cette petite ville et, des frissons parcourant toute mon échine dorsale, je m’approche et rejoins une bande de potes, derrière le lycée de Providence. Pourquoi ces tressaillements ? Boh .... Peut-être parce qu’ils représentent un peu tout ce dont nous rêvons lors de l’adolescence : une amitié indéfectible, une appartenance - une famille ! -, l’insouciance, le courage, l’esprit de révolte - justifié ! -, mais aussi l’audace et une certaine notion de justice. Peut-être bien la vraie ...
J’y rencontre donc Hugo Felida - notre interlocuteur -, Freddy Cereseto « Le Rital », Oscar « Le Chinois » et Alex dit « La Fouine ».
Hugo va nous raconter une tranche de sa vie, la plus belle, celle qui l’a rendu heureux, celle qui l’a rendu vivant. Les mots que Henri Loevenbruck lâchent sur le papier sont forts - ils claquent ! - et retranscrivent la garantie d’une puissante amitié. Le style et la syntaxe, qui collent à merveille avec l’esprit du personnage, offrent un rendu plutôt poignant.
Ce récit est l’histoire d’une bande de « gamins » qui tentent de prendre leur revanche sur une vie qui ne leur a pas donné grand-chose, ou qui leur a tout repris. Bien que ce ne soit pas des enfants de chœur, on ne peut que difficilement les juger ! L’honneur, le respect et l’amitié seront des valeurs qui nous accompagneront durant toute cette histoire. La fraternité guide ce récit !
Entre un lycée chrétien inoculant que de la merde Moyenâgeuse et s’agenouillant uniquement devant les gosses de riches, un patelin aussi mort qu’un cimetière désaffecté ou encore un centre de détention qui rend un peu près tout, sauf la justice, notre bande d’amis n’aura évidemment plus qu’une idée en tête : juste une fois dans leur vie, jouir un peu de liberté ! Fuir !
Nous passerons quelques fois dans l’atelier du petit garage de la famille Cereseto - l’Italie dans toute sa grandeur et sa splendeur ! -, où des bécanes rutilantes verront le jour et annonceront les prémices d’une nouvelle vie ! Notre équipe de lascars va devenir une sacrée belle bande de bikers !
En ce qui concerne le Road trip qui suivra, je vais faire acte de mutisme. Cela ne s’explique pas, cela se vit ! Sex, drugs and Rock n’roll, quelques paluches dans la gueule et c’est parti ! Cette Équipée sauvage, sur leurs montures de chrome et d’acier, va laisser autant de kilomètres d’émotions que de gomme sur le bitume !
Une traversée vers l’Ouest, aussi rude, violente et déchirante qu'éclatante et enivrante, marquera et changera à tout jamais l’esprit de jeunes gens dépourvus de repères, mais dotés de grandes valeurs humaines.
Le personnage d’Hugo, je pense que je ne l’oublierai jamais. Sa loyauté, son respect, son abnégation, son sens de l’honneur et, surtout, son obstination à « rester sur la route » – à garder le cap ! –, sont des vertus qui m’ont fait réfléchir sur notre condition humaine. Quel exemple !
Cette vie, il faut savoir parfois la doser, une notion qui manquera peut-être à ces personnes qui n’ont pas eu beaucoup d’exemples ! L'excès peut être grisant, comme terrassant. La liberté est une valeur inestimable qu’il ne faudrait jamais gâcher, au même titre que l’amitié !
Et puis, il y a ce dénouement ...
Bonne lecture.