Jackson Hole, Karel Gaultier

Publié le par Pascal K.

Jackson Hole
Karel Gaultier

Éditions Slatkine&Cie / 2019
446 pages 

Karel Gaultier, banquier dans un établissement privé, nous déploie ici une trame issue du monde impitoyable de la finance. C’est la guerre des grands argentiers qui font briller leurs dollars dans les yeux à grands coups d’éclat, mais aussi à grands coups de pute 

A la suite d’une réunion composée de l’élite de la finance mondiale, sensée rétablir une crise monétaire internationale, englobant les banques centrales européennes, américaines et chinoises, le jet emportant les acteurs de la BCE (banque centrale européenne) explose en plein vol. 

Nous suivons alors le Napolitain Matteo Andreani, surnommé « Le Devin », un surdoué de la bourse, un stratège inégalable, un homme que tous les traders admirent et suivent. Cet homme agressif, cynique et nombriliste, va profiter de cette opportunité pour tenter d’accéder à la direction de la BCE.

Nous sommes ici dans la cour des grands, au centre d’un secteur financier dans lequel se joue l’avenir de notre économie. Entre requins, fauves et autres prédateurs, nous évoluons dans une sphère gorgée d’agressivité et de pugnacité.

L’auteur nous dévoile l’envers du décor avec un style fluide et assez abordable. Être dotés de quelques notions liées à la finance vous aidera tout de même à apprécier, à sa juste valeur, une trame tout de même exigeante. Cela vous permettra d’obtenir un peu plus de confort pour franchir ces pages chargées d’encres de sécurité ! Mais, n’ayez crainte, les codes du thriller sont là, et bien là ! 

Le contexte exprimé dans cette trame, évoluant à vive allure, est fascinant. Ce terrain de jeu mondial s’apparente plus à un ring qu’à une salle de conférence. Par contre - et peu importe le nom que nous donnons à cette arène -, les décisions qui y sont prises sont monumentales. Les adversaires, qu’ils soient chinois, américains ou au sein de l’Europe, dévoilent une puissance de feu bien calculée et canalisée. Je crois bien que tous les coups sont permis. 

C’est carrément la loi du plus fort, du plus rusé, du plus audacieux et de celui qui a l’art de s’entourer des meilleurs alliés. Alliés d’un jour, mais pas de toujours ! C’est assez versatile ! 

Les personnages sont loin d’être insignifiants. Je dirais même que c’est le grand atout de ce thriller. L’auteur leur donne énormément de personnalité et d’humanité. Oui, même dans ce milieu, c’est possible. Établir une alliance - une amitié ! - entre un carnassier, magnat de la finance, et un homme atteint du syndrome d’Asperger, il fallait le faire. C’est plutôt réussi !

Entre des parties pas si fines au sein de la haute société financière, dont le pouvoir passe apparemment également par les couilles, un système monétaire en sursis qui menace toujours un peu plus de s’écrouler, la Camorra qui n’est jamais très loin du centre névralgique, ou encore des morts plus que suspectes intervenant à un moment-clé, le lecteur verra son taux d’adrénaline atteindre un niveau plus qu’acceptable.

Ce Napolitain, qui nage un peu à contre-courant dans ce monde très structuré de la finance, est un personnage qui m’a fait rêver par sa capacité à improviser, à prendre des risques calculés, à garder son sang-froid et, surtout, à se relever en tout temps.

Redéfinir l’argent, sa valeur ou sa réserve sera le challenge dans ce thriller. Lorsque le monde entier se tient par les couilles - dans le sens figuré, cette fois-ci -, il faut trouver un moyen de protéger ses attributs et ainsi contourner le système, si j’ose dire.

Osez, ne suivez pas aveuglément et essayez de voir plus loin, mais aussi d’une manière plus large !

À lire, c’est certain. Bonne lecture.

 

Publié dans Littérature suisse

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