Vík, Ragnar Jónasson --- Le passé éclaire-t-il le présent ?
Vík
Andköf (titre original)
Ragnar Jónasson
Éditions de la Martinière / 2019
297 pages
Alors ? Le passé éclaire-t-il le présent ? Ce récit me pousse à me faire cette réflexion. Et vous, avez-vous besoin de connaître - décortiquer - votre propre passé, dans les moindres détails ? Ou même celui de vos parents ?
Allez, je me dirige une fois de plus vers l’Islande, bravant ce froid mordant, traînant dans ces fjords encaissés entourés de montagnes étouffantes et asphyxiantes, affrontant cette neige omniprésente, pour retrouver ce peuple que je perçois comme étant pessimiste, nostalgique et parfois même un peu déprimé.
Dérangés par cette bruine qui nous fouette le visage, les yeux plissés, nous observons une personne qui retourne aux sources d’une vie morne, à l’origine de secrets douteux, renfermant quelques souvenirs visiblement douloureux.
Ce n’est pas de gaieté de cœur que cette jeune femme décide de retourner sur ce bout de terre qui l’a vue grandir, bercée par la lumière de ce haut phare bordant les falaises. Est-ce une bonne idée, finalement, de déranger et d’attirer - attiser -le passé ?
Tout ceci va nous amener vers une sorte de huis clos familial, qui prendra forme suite à un drame. L’enquête nous dirigera vers l’extrême nord de l’Islande, à Kálfshamarsvík. Une mort violente, quelques suspects, une vieille demeure, un phare, des secrets, des remords et un bout de terre entouré par la mer. Voici donc le contexte de ce huis clos à ciel ouvert !
Ragnar Jónasson, c’est évident, aime tendre l’oreille vers les échos du passé. Certains sons, qui proviennent d’un temps révolu, ont probablement besoin, parfois, de se faire entendre. Il suffit de creuser bien profondément pour s’en approcher !
Ce qui est intéressant, dans cette enquête, ce sont les personnages. Nous sommes dans un coin retiré de l’Islande - quel euphémisme ! - et nous observons quatre ou cinq personnes assez troublantes, si ce n’est pas carrément louches. L’auteur arrive à leur donner assez d’ambiguïté pour que nous soyons continuellement dans le doute.
Encore une fois, je me suis senti comme dans un vieux manoir, en présence de quelques personnes faussement offusquées par un Hercule Poirot qui observe avec un peu trop d’insistance !
C’est une histoire qui fonctionne plutôt bien, évoluant dans un décor toujours aussi enivrant, avec un dénouement qui montre, encore une fois, que l’être humain peut être un sacré connard.
Bonne lecture.