Sótt, Ragnar Jónasson

Publié le par Pascal K.

Sótt
Rof (titre original)
Ragnar Jónasson

Éditions Points - La Martinière / 2018
343 pages

Après avoir refermé « Snjór », ma première enquête aux côtés du jeune flic Ari Thór Arason, j’ai décidé de retourner dans cette petite ville du nord de l’Islande, « Siglufjördur ». Une bourgade que je n’ai pour l’instant qu’entre-aperçu en observant, les yeux plissés, à travers les nombreux flocons de neige qui tapissent cette ville figée dans le froid. 

J’ai quitté un jeune flic qui venait de débarquer dans cette ville étrangère, où les habitants sont plutôt méfiants et soupçonneux, mais aussi soudés et chaleureux. Je retrouve un jeune flic qui m’a paru prometteur, avec un énorme potentiel. L’intuition, l’instinct et l’observation des gens semblent faire partie de ses compétences !

Suite à une maladie infectieuse, c’est une ville en quarantaine qui nous ouvre ses portes. Pour un patelin déjà bien coupé du monde, c’est un peu une double pénitence !

Cette retraite forcée va permettre à Ari Thór de se pencher sur un cold case qui lui tombe entre les pattes. Cette vieille affaire va nous conduire vers Hédinsfjördur, une version paumée de Siglufjördur. C’est dire ! Une vieille photo jaunie datant de plus de 50 ans sera l’élément de départ. 

Ragnar
Jónasson nous en met plein la vue avec cet environnement glacial et vigoureux, mais nous touche également en plein cœur avec cette ambiance plutôt morose, mélancolique et un peu triste. 

Ce sentiment est finalement en phase avec le climat et le décor. Les personnages m’apparaissent vraiment sous des teintes qui varient entre le gris clair et le gris foncé, soit toujours dans des tons incolores.

Entre une journaliste bouillonnante, culottée et motivée, l’enlèvement d’un bébé, l’assassinat d’un raté, fils de politicien ou encore un drôle de cold case, Ragnar Jónasson, fidèle à son rythme traînant, mais tout de même piquant comme le blizzard, nous fait traverser son récit avec de forts arguments convaincants. 

Le rythme, les personnages - bien que ternes comme leur environnement -, mais aussi cette capacité à nous transporter corps et âme dans ces contrées gelées en sont ces arguments convaincants. J'ajouterais peut-être encore cette habilité à nous projeter dans un passé aussi trouble et déroutant que le brouillard qui nous enveloppe en permanence.   

L’intrigue va nous conduire vers quelques questionnements liés à la justice, à nouveau. Faut-il la rendre soi-même, la loi n’étant pas forcément assez efficace pour aller jusqu’au bout ? La vengeance, une fois qu’elle est consommée, fait-elle forcément du bien ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour mettre en avant notre propre pomme ? 

Complot, mensonges et grosses conséquences. Voilà où nous mènera cette intrigue qui prendra une belle accélération vers le dénouement. Encore une fois, Ari Thór va nous surprendre en mettant en exergue son raisonnement et sa finesse dans l’art de déduire ! 

Nous refermerons ce polar sur un drame qui nous a été amené au ralenti, mais que nous prenons, finalement, violemment en pleine gueule !

Bonne lecture. 

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C
Bonjour, Je suis abonnée à votre blog depuis plusieurs années désormais. Et je vous remercie pour toutes ces suggestions de lecture qui font mouche à chaque fois et inspirent la dévoreuse de polars que je suis. Grâce à vous, je viens de découvrir Ragnar Jonasson (entre autre), que je suis en train de lire, et mon prochain achat sera Sott. Continuez à nous faire connaître des auteurs et des oeuvres. Merci, merci !!
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P
Bonjour, vous n’imaginez pas comme votre message me fait plaisir ! Bonne lecture !!