Carrément à l'Est, James Holin
Carrément à l’Est
James Holin
Éditions AO - André Odemard / 2019
155 pages
Ah c’est spécial ! Bon, si vous connaissez les œuvres de James Holin - ce mec est fou ! -, vous savez alors que ses récits sont assez décalés, arrosés de grands jets d’humour, toujours avec une morale bien campée, pointant en principe l’Homme dans la société ou la société en elle-même.
Cette fois-ci, c’est en Balanklavie que nous allons nous rendre. Non mais arrêtez de chercher, cela n’existe pas ! C’est un peu là-bas, à l’Est, où il y a la guerre.
Eh bien c’est ce que j’apprécie dans cette histoire inattendue. Nous sommes dans un endroit qui n’existe pas, mais nous savons pertinemment où nous sommes, et avec qui nous sommes. Ce style cocasse, très caricatural, assez loufoque, un peu poétique, nous enfouit ici dans un conflit armé dont les retombées nous parviennent d’une manière surprenante. On sourit, même de bon cœur mais, en fait, la situation est loin d’être drôle.
Les détonations ou les nombreux tirs en rafales de la guerre civile de l’ex-Yougoslavie résonnent encore dans nos têtes. Ce n’est pas si vieux ! En mettant principalement en scène deux employés de l’aide humanitaire issus de « l’International », James Holin nous place au centre d’une guerre sanglante, un conflit qu’il nous relate avec un style burlesque, nourri de diverses scènes tournées en dérision, presque parfois avec insouciance. Et pourtant...
C’est très décalé, parfois trop décalé. Je peux switcher mon esprit sur un mode bien tordu, qui peut accepter et apprécier des récits satiriques et bien caricaturaux, mais ici ça va parfois un peu loin. C’est le seul petit bémol et c’est très personnel.
Je n’arrive pas toujours à crocher sur les personnages. J’essaye de les attraper, pour les détailler, mais ils me glissent parfois entre les mains.
C’est un style brillant, je dois l’admettre. Cette manière de raconter ce conflit, par ces diverses scènes « vaudevillesques », mélangeant violence, décalages et légèreté, c’est plutôt bien vu. Il faut juste être en phase, et je n’arrive pas à l’être continuellement.
La manière dont est dirigée cette mission humanitaire, consistant principalement à unifier ces divers peuples en conflit, est magique. Il y a tellement d’insouciance dans cet optimisme ! Nous percevons bien, dans ce récit, cette aberration totale à vouloir changer un peuple, un pays, en touchant à ses valeurs ! « L’International » dans toute sa splendeur !
Un récit surprenant, constitué de tranches de vie pas vraiment banales, contées et vécues par des humanitaires un peu barjots ! Carrément décalé ! À lire.
Bonne lecture.