Rafale, Marc Falvo

Publié le par Pascal K.

Rafale
Marc Falvo

Éditions Lajouanie / 2019
281 pages


Putain ... Rafale, en fait, c’est le titre de ce bouquin, mais c’est aussi le rythme et le ton de ce récit ! La narration est directe, cash et d’un froid clinique ! L’auteur en avait certainement marre de sa plume et s’est muni d’une hache pour découper son texte. C’est un carpaccio qu’il nous sert, taillé à grands coups de hachoir.

Gabriel Sacco, le personnage principal de ce roman, se lève chaque matin pour effectuer de basses besognes. Encaissements, recouvrements de créances douteuses, soit jouer des poings pour obtenir réparation pour le compte d’une boîte de jeux clandestine.

La narration à la deuxième personne est intéressante et donne du dynamisme, mais aussi du réalisme. Le narrateur semble s’adresser au personnage qui, lui, progresse dans la trame sans demander son reste. Cette manière de raconter l’histoire - dirigée, braquée, pointée du doigt ! - est captivante, c’est sûr !

On en apprend un peu plus sur notre personnage, pas grand-chose, car il n’a pas une vie si intéressante, même plutôt chiante.

C’est sombre. Le « milieu » est pesant, démoralisant mais ô combien intéressant. L’environnement n’est pas banal et tu ne risques pas de t’identifier aux protagonistes ! A moins d’être un flingueur dans l’âme.

Un milieu de truands, la routine, la solitude, l'amour - un peu ? Beaucoup ! - puis, soudain, cela devient un peu plus personnel ! Lorsque tu te souviens que tu as une fille, lorsque tu te rends compte que tu n’es pas utile pour elle, oui, lorsque tu ouvres enfin les yeux et remarques finalement qu’elle continue à vivre sans avoir besoin de toi, tu deviens subitement impliqué.

L’auteur nous raconte une histoire de truands, l’histoire d’un homme solitaire, fataliste, pas mauvais, mais pas trop sympa non plus. Un mec qui, suite à certains événements, se remet carrément en question. Un type débrouillard, solide mais, paradoxalement, qui est assez vite perdu lorsque on ne lui demande pas d’exécuter un truc précis.

Cet homme entame ici une sorte de quête instinctive, motivée par un raisonnement pas très clair pour lui. Une rédemption ? Effacer l’ardoise de sa vie dont le cadre, toujours un peu plus pourri, commence à s'émietter complètement ? Cet homme marche à vue depuis bien trop longtemps et se rend compte qu’il aurait peut-être dû réfléchir davantage. Mais en est-il capable ? 

Cette histoire, composée d’une trame relativement classique, se distingue par son atmosphère sombre, par ses personnages faibles et forts à la fois, par sa narration originale, directe et, surtout, par son aspect humain, voire inhumain. Ça dépend du point de vue !

Beaucoup de rage, de désarroi, d'amour (!!) et relativement peu d’espoir pour un récit truffé d’émotions ! La vie nous mène parfois dans une direction que nous n'avons pas pu - voulu ? - choisir. 

Bonne lecture.

Commenter cet article