Les chiens de Détroit, Jérôme Loubry --- Il faut toujours un coupable ...

Publié le par Pascal K.

Les chiens de Détroit 
Jérôme Loubry

Éditions Calmann-Lévy / 2017
Le Livre de Poche / 2018
311 pages

Détroit. Une ville-fantôme qui va mal, morne, violente, qui se meurt et où l’on meurt. L’auteur nous offre une ambiance, une atmosphère. Oui, il y a tout de suite une ambiance dans ce récit et j’aime ça ! La pluie, le froid et la violence d’une ville maudite va vous accompagner tout au long de cette lecture. Detroit. Un lieu mort et qui les accumule ...

J’ai choisi de lire le premier thriller de cet auteur, car j’aime aller voir ce qu’il y a « au commencement ». Dans cette histoire, par contre, le commencement sera une sorte de dénouement. Vous ne comprenez pas ? Normal, j’explique !

L’aboutissement d’une longue enquête, soit l’identification et l’arrestation d’un tueur d’enfants, demeure ici le début de tout. Cet homme, soupçonné également d’avoir enlevé cinq gosses, crie à l’aide durant son arrestation. Surprenant. Là, on commence vraiment, et les enquêteurs aussi.

Nous allons donc faire demi-tour et retourner dans un proche passé - quinze ans - pour pouvoir comprendre ce qui nous amène vers ce dénouement qui ne fait que commencer.

Ce passé, que nous foulerons avec prudence, nous mettra pas mal d’enfants morts dans les pattes. Nous avancerons tout de même, évidemment, pour tenter de comprendre.

Jérôme Loubry façonne ses personnages dans de la terre glaise, de l’argile qui s’effrite toujours un peu plus au fil de l’histoire. Un flic, Stan, qui gère cette enquête sur les meurtres d’enfants perpétrés à Detroit, en sera l’exemple parfait. Un flic cassé, qui tient debout en s’obstinant à compter les morts dans une ville irrécupérable ...

L’intrigue est accrocheuse. Un suspect - plus qu’un suspect ! -, une merde de tueur d’enfants, demande de l’aide, avec insistance. Au lieu de s’obstiner à le haïr, il faudra peut-être essayer de le comprendre pour avancer. La vie en sursis de cinq enfants est clairement en jeu. Pour les enquêteurs, l’adversaire se matérialisera en une vraie énigme. 

Il faut être conscient qu’une enquête sur des enlèvements et assassinats d’enfants est éprouvante, sensible, frustrante et souvent mal comprise. Trop d’émotionnel - compréhensible ! - pour une société qui demande des miracles ! Cette histoire montre aussi qu’une enquête de ce genre ne laisse pas indemne. Nous en aurons la démonstration avec des flics démontés, touchés et en voie de destruction !

L’auteur nous lâche sur plusieurs moments-clés de l’enquête, parfois en ravalant quelques jours, ce qui nous permet d’aborder cette intrigue avec toujours un peu plus de détails. On ne s’y perd pas, c’est plutôt bien amené.

Le style d’écriture m’a assez impressionné, d’autant plus qu’il s’agit d’un premier roman. Les descriptions qui sont utilisées pour nous enfouir dans cette misérable ville ont l’art de nous toucher, avec un grand sentiment d’amertume. C’est assez fort ! Les personnages, qui nous heurtent à leur tour, y sont également pour beaucoup.

Jérôme Loubry déroule une histoire qui fait mal, et il la déroule vraiment jusqu’au bout ! Faut-il toujours trouver un coupable pour pouvoir exister et ainsi exorciser sa peine ? Cette question, vous vous la poserez.

Bonne lecture. 

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