Le foulard rouge de la forêt de Bouleyres, Géraldine Lourenço --- un polar qui nous emmène en Gruyère !
Le foulard rouge de la forêt de Bouleyres
Géraldine Lourenço
Les éditions Montsalvens / 2019
238 pages
Ce polar me tient assez à cœur, car la scène de crime - oui, il y aura bien évidemment un crime, voire plus ! - se déroule dans une forêt près de chez moi, la forêt de Bouleyres, dans le district de la Gruyère, soit dans mon secteur d’activité. J’aurais donc pu participer à cette enquête, peut-être, mais c’est avec enthousiasme que je la laisse aux personnages de ce récit !
Et avec raison ! L’auteure met en scène des protagonistes hauts en couleurs ! Nous sommes rapidement happés dans l’histoire, étourdis par la voix de l’inspecteur Julien Morel, de la police fribourgeoise, ou même par les cris de l’inspectrice française Laura Lambert, en vacances en Suisse.
Cette dernière vient de tomber - dans le sens propre du terme - sur le cadavre d’une femme, durant son footing en forêt. Nous sommes alors installés entre ces deux flics assez susceptibles - pléonasme ? - qui nous font un effet stéréo, en s’affrontant pour savoir « qui a la plus grosse ». Ils s’aiment déjà beaucoup ...
L’enquête va prendre de l’ampleur lorsqu’un lien va être établi entre ce corps non identifié et le corps d’une autre femme inconnue, découverte vers Annecy, quelques mois auparavant. Un foulard rouge noué autour du poignet gauche des deux victimes sera le lien le plus concret, mais pas forcément le plus sensible.
Le passé de l’inspectrice Laura Lambert pourra éventuellement donner quelques réponses.
Entre le canton de Fribourg, en Suisse, et la Haute-Savoie, nous allons suivre notre couple de flics franco-suisses dans une enquête qui deviendra de plus en plus inquiétante, dirigée, voire même personnelle !
Géraldine Lourenço m’a franchement convaincu avec le caractère très spontané des personnages, qui rend une belle épaisseur à ce récit. C’est très vivant - animé ! -, humain et très expressif. Les dialogues ne manquent pas d’humour, d’humeur ou de sarcasme. L’auteure ne se gêne pas - tant mieux ! - pour introduire quelques clichés entre polices suisse et française, ceci avec un bon dosage, sans non plus en faire trop.
L’enquête est classique, logique et cohérente. Elle se tient bien. Nous ne sommes pas en présence de superflics ou face à un vengeur à la Charles Bronson, mais aux côtés de femmes et d’hommes motivés - des flics très pro - qui nous aideront à dérouler cette enquête jusqu’à ce qu’elle atteigne son but.
Geraldine Lourenço place une vitre assez opaque devant quelques-uns de ses protagonistes, histoire de transmettre une certaine tension au lecteur. Un doute s’installe et ce genre d’état d’esprit est tout de même assez plaisant, soyons honnêtes !
En marge de l’enquête, nous pénétrons dans la vie privée, voire intime de certains protagonistes. Cela donne bien évidemment de la profondeur au récit, une certaine consistance et pas mal d’émotions.
Je conseille cette lecture, d’une part, pour découvrir et apprécier notre région et, d’autre part, pour suivre une intrigue bien menée qui nous conduit vers un dénouement non pas fracassant, mais très bien maîtrisé ! Je la recommande peut-être aussi pour les personnages qui sont, eux aussi, d’une belle maîtrise. C’est avec plaisir que j’accepterais de les rencontrer à nouveau et c’est plutôt bon signe !
Bonne lecture.