Armorican Psycho, Gwenael le Guellec --- Des longueurs mais ... écrivain prometteur !
Armorican Psycho
Gwenael Le Guellec
Les Éditions Nouveaux Auteurs / 2019
700 pages
Bienvenue en Bretagne !
Une très belle écriture mais, à mon sens, un problème de rythme. 700 pages. Cette histoire aurait certainement pu se coucher sur la moitié d’entre elles. J’y reviendrai.
L’auteur de ce thriller - prometteur ! -, est breton et c’est chez lui qu’il va nous emmener pour son premier ouvrage. C’est une aubaine pour moi, car je suis fasciné par cette partie de la France. C’est à travers plusieurs nuances de gris que nous allons découvrir cette trame.
Oui, c’est vrai, le sale temps et les teintes du nord se matérialisent souvent par ces nuances-là. Mais ici, le regard du personnage principal offrira ces mêmes tons : Yoran Rosko est atteint d’une maladie qui le prive des couleurs et l’écarte de la lumière vive. Sa vie se déploie donc en noir et blanc.
La disparition de l’un de ses amis photographe et la découverte d’un corps mutilé au domicile de cet ami donnera le feu vert à cette intrigue se déroulant principalement dans la région de Brest, mais aussi en Norvège, ou encore en Islande.
Yoran Rosko, également passionné par la photo, va prendre la disparition de son ami très au sérieux et va très vite se mettre dans la peau d’un enquêteur. Ce rôle, qui ne s’invente pas, va le placer face à des choix plutôt hasardeux. Ce point est pour moi important et m’a laissé plutôt perplexe. Heureusement que le hasard fait parfois bien les choses. Bref ...
Le sel marin, avec l’aide de vents violents, va rapidement atterrir sur nos lèvres, mais pas seulement. Le sel sera ici omniprésent, à savoir sur toutes les scènes de crimes. Un tueur acharné semble apprécier cet élément pour mettre en œuvre ses forfaits.
La pluie glaçante qui nous pique le visage, le ciel qui se charge comme une batterie ou encore les nuages qui nous offrent toutes leurs variétés de gris vont nous coller aux basques jusqu’à ce que nous ayons pu faire la lumière sur cette affaire.
Gwenael Le Guellec, à l’instar d’un Bernard Minier, essaye de nous en mettre plein la vue en nous déployant une atmosphère qui est sensée nous aspirer entièrement.
Par contre - attention danger ! -, j’aurais vraiment souhaité avancer plus vite, mais vraiment plus vite. Bien décrire et enfouir le lecteur dans la trame, c’est bien, mais il faut trouver ce fameux juste milieu qui ne laisse pas le lecteur en plan.
Bien entendu, l’auteur met en place son intrigue, pose ses jalons, structure et crée un cadre mais, à mes yeux, cela prend beaucoup trop de temps. Nous sommes sur une mer assez calme, juste quelques petites vagues, et nous essayons constamment de voir quelque chose à l’horizon. Et cela ne vient pas.
Au bout d’un moment, des vagues plus intenses arrivent tout de même à bousculer notre barque et l’histoire prend enfin une direction plus précise accompagnée d’un rythme plus soutenu.
Lorsque nous approchons du dénouement, plusieurs aspects se mettent réellement en place et la trame devient intéressante, voire passionnante. Enfin !
Le passé - qui est relaté ici d’une manière remarquable -, va régurgiter quelques restes toxiques qui ne passent plus et les poser devant les pieds de certaines personnes qui n’ont peut-être pas tout fait juste !
Encore une fois, le passé, qu’on essaye péniblement d’enterrer avec des couches de sable trop fin, nous rattrape quasiment à chaque fois. Le vent de la Justice et de la vengeance n’a souvent pas trop de peine à souffler tout ce sable accumulé bien inutilement.
Cette histoire le démontrera. Au final, malgré ce problème de rythme, à lire.
Bonne lecture.