Sans pitié ni remords, de Nicolas Lebel --- Et un ...... Coup de cœur !!
Sans pitié, ni remord
Nicolas Lebel
Éditions Marabout / 2015
Le Livre de Poche
Allez, cette fois-ci, je ne vais pas vous parler en long, en large et en travers du capitaine Mehrlicht ! Vous savez à présent que j’adore ce type totalement détestable et bourré de paradoxes ! Raison pour laquelle je l’apprécie ...
Si vous souhaitez connaître les traits de caractère de cet homme original, le prototype-même du flic blasé, vous pouvez consulter mes chroniques sur « L’heure des fous » et « Le jour des morts ».
Le début de ce récit est marqué par un événement navrant et marrant. Navrant par les faits, marrant par la manière de développer ces faits !
Nous entrons au cimetière et nous enterrons Jacques. Il n’est plus, ni pour Mehrlicht, ni pour les autres, ni pour nous ! Merde, j’aimais beaucoup Jacques, un exemple d’homme fataliste et heureux ! En plus, il aimait la Côte-Rôtie : il devait presque être parfait. Il réussira même à emmerder ses collègues lors son propre enterrement. Un pied-de-nez post-mortem qui lui est propre ! Le pied-de-nez, donc, pas le fait de mourir.
Soit ! Accompagnés des vers de Charles Baudelaire - omniprésent dans ce récit ! - qui nous introduisent dans chaque chapitre, nous allons oublier Jacques un moment, mais pas pour très longtemps. Son testament, qui stipule que tous ses bien reviennent à Mehrlicht, va conduire ce dernier vers une inextricable aventure labyrinthique. Ce testament révélera l’existence d’un cadeau bien empoisonné et une histoire bien compliquée. Mais aussi une belle histoire d'amitié...
Pour Mehrlicht, ça sera même l’existence d’une douloureuse déception, mais juste une déception passagère et non une fatalité ! Mehrlicht, nourri par une puissante fibre d’Amitié, avec un grand A - si vous ne l’aviez pas vu -, va donner dans la contre-enquête ! Pour cela, il sera secondé par son ami fraîchement décédé. Oui, vous avez bien compris.
Un vol d’œuvres d’art qui date de 10 ans, des suicides à la pelle, des gens paranos complètement paniqués et un Mehrlicht impliqué émotionnellement : tous ces éléments mis bout à bout vont nous conduire vers une drôle d’histoire. Enfin... Drôle ...
La partie adverse ne sera pas si drôle que ça, même plutôt inquiétante. Un homme, le Corse, en sera l’exemple concret. Ce type, militaire psychotique à souhait, va sans doute vous procurer un sentiment d’angoisse. L’auteur nous matérialise ici un être vide, sans âme, qui pousse le respect de la mission à son paroxysme ! Dans cette partie adverse, l'auteur insérera également l'histoire d'un homme qui va sans doute vous toucher (l'histoire et l'homme).
Je ne le dirai jamais assez, - pour l’instant trois fois en trois livres ... -, Nicolas Lebel sait nous raconter une histoire. Mais attention ! Lorsque je dis qu’il sait raconter une histoire, c’est avec la forme, le style et le savoir-faire qui va avec ! Sa marque de fabrique, à présent, je la reconnais et, surtout, je sais l’apprécier à sa juste valeur. Ses histoires se dégustent !
Des récits très humanistes, bien centrés sur les relations entre personnes, qui nous donnent un bel aperçu du genre humain ! Mais aussi une aisance à mettre en place des situations burlesques, inattendues - souvent fortes ! -, qui aboutissent fréquemment sur un monumental sketch (de la vie).
Nicolas Lebel, philanthrope (sans doute), aime placer l’être humain, avec ses défauts, ses qualités, ses plaisirs (simples ou plus recherchés) ou encore ses particularités, au centre de sa trame. Son personnage phare d’ailleurs, le capitaine Mehrlicht, sous sa carapace d’homme infréquentable, stocke aussi une bonne dose de philanthropie dans ses tripes, bien qu’il prétende le contraire ! Ça y est, j’ai encore parlé de Mehrlicht...
Je vous parlerais bien encore de son chef, la caricature parfaite du fonctionnaire inquiet, qui ne veut pas d’emmerdes - mais qui en a un wagon! -, qui veut des chiffres, qui veut être bien vu - paraître !! - et qui souhaite que rien ne lui arrive, à part peut-être un avancement ! Bon, eh bien finalement je vous en ai parlé.
L’auteur laisse toujours une place non négligeable à l’Histoire, à l’art ou l’histoire de l’art dans ses récits. Cela permet souvent - en ce qui me concerne - d’en apprendre toujours un peu plus et c’est toujours bon à prendre ! Nous aborderons ici ce sujet en s'intéressant aux musées, ce qu'ils renferment et ce qu'implique d'avoir ce genre de trésor sous sa responsabilité. L'auteur, par ce biais-là, touchera d'un doigt sûr mais dérangeant l'aspect de la colonisation (pillage ?).
Les faits de société sont également souvent mis en avant, que ce soit en arrière-plan ou au-devant de la scène. Par les propos des personnages - souvent Mehrlicht ! - ou même par la narration, nous aurons l’occasion de nous poser moult questions sur notre environnement ! L'auteur, avec un peu d'humour - oui c'est possible - posera donc un autre doigt sur les troubles liés au racisme, mais aussi sur les armées privées et ses dérives. Sincèrement intéressant.
Et le vin coulera à flots dans ce récit ! Étant amateur de ce nectar dédié à Bacchus ou à Dionysos, je me suis permis de bien m'attarder à la dégustation. Oui, je me suis abreuvé jusqu'à l'excès afin d’atteindre une belle ivresse qui m'a accompagné jusqu’au dénouement.
L'ivresse des mots restera ici tout de même ma plus belle cuite.
Bonne lecture !