Coupable, de Jacques-Olivier Bosco --- Une tension qui mène au court-jus cérébral !

Publié le par Paco

Coupable
Jacques-Olivier Bosco

Éditions Robert Laffont - La bête noire / 2018
378 pages

Sommes-nous coupables lorsque nous ne sommes vraiment pas responsables de ce que nous sommes devenus ? À mon sens, on ne pourra jamais répondre complètement et précisément à ça. Et ce genre de question revient souvent dans les bouquins de Bosco !

C’est le 7ème polar signé Jacques-Olivier Bosco que je découvre. Son univers, à présent, je le connais franchement bien et je suis en mesure de vous en parler sans trop réfléchir. Son écriture, ses thèmes choisis, ses personnages ou encore ses scènes d’actions sont des éléments que je ne risque pas d’oublier de sitôt.

Je vais tenter de vous résumer cela en quelques phrases. Dure besogne ! Bosco, ce sont d’abord des personnages vrais, d’une grande force ou d’une sensibilité à fleur de peau. Des justiciers qui ne sont pas forcément en phase avec la justice, des férus de vengeance qui vont absolument jusqu’au bout des choses, ou encore des hommes ou des femmes - souvent des hommes ! - qui ne sont pas forcément respectables mais qui, suivant un code d’honneur drastique, vouent une importance capitale au respect. Quels paradoxes !

Aussi, il est souvent très difficile de prendre position quand il s’agit de se déterminer sur la morale d’un de ses personnages. C’est bien ? C’est mal ? Bonne chance...

Bosco, ce sont aussi des décors et des scènes d’action qui vous en mettent plein les yeux, à l’extrême ! Attention tout de même, car parfois les extrêmes ne sont pas toujours un idéal... C’est très cinématographique, ça bouge, ça explose, ça gicle dans tous les sens. Bref, c’est violent, mais jamais gratuitement.

Finalement, Bosco, c’est un style d’écriture qui déchire, qui heurte et qui secoue lorsque l’auteur frappe le point final à la masse. Je n’ose même pas imaginer le nombre de claviers qu’il a dû détruire à force d’écrire avec une telle rage. Une frénésie dont il doit certainement garder la maîtrise, du moins je l’espère.

Bon, j’ai parlé d’hommes mais, ici, ce sera une femme qui sera mise à l’honneur. Eh oui, la même que vous avez pu suivre - encore faut-il que cela soit possible ! - dans le précédent polar : Brutale. (Chronique).

Anne-Lise Lartéguy. Physique : chevelure corbeau, peau blanche de Bretonne, yeux couleur azur, blouson noir et talons. Psychisme : violente, apathique, antisociale, malade et... lieutenant à la brigade criminelle de Paris. Sa maladie ? La violence pure, un besoin de cogner, de détruire, ceci depuis son enfance. Le Bien et le Mal sont pour elle des notions qui ont l’art de se mélanger constamment dans sa tête.

Cette flic est mal, elle le sait et souffre énormément. Cela fait depuis ses 8 ans qu’elle est comme ça et, pour elle, cet état n’est sans doute pas arrivé tout seul...  Justement, vers son enfance, on va y retourner. Et ce que l’on va y découvrir est assez moche, voire très moche.

De parents démunis à l’école spécialisée pour jeunes filles difficiles, Lise va passer par plusieurs stades d’une vie chaotique et totalement nébuleuse. La confusion sera d’ailleurs sa meilleure ennemie tout au long de son parcours. Dans sa petite enfance ou ado, au pensionnat, beaucoup de paramètres vont se mettre en place. Quand on est gosse, on emmagasine tout, jusqu’au plus profond de son âme.

Une autre fille, proche de Lise, va pas mal changer la donne aussi ! Le passage de l’état d’animal à celui de monstre est parfois vite atteint. Il suffit de rentrer certaines données, idéalement sur un être très jeune et sensible, vous ajoutez un peu de peur, beaucoup d’insécurité et énormément de souffrance et là vous avez devant vous une personne qui risque de salement déraper. À différents niveaux, certes...

Une fois de plus, Jacques-Olivier Bosco ne nous épargne pas. C’est franchement cru jusqu’à atteindre la démesure. Le personnage de Lise Lartéguy est d’une violence inouïe, presque un état d’animal, en tout cas d’une bête blessée. C’est bien connu : un animal blessé, tu ne l’approches pas sans prendre toutes les précautions nécessaires !

Bon, après, il faut admettre que c’est parfois très « gros » ! Parfois tellement gros que, en définitive, ça passe plutôt bien. L’auteur a décidé de faire dans le trash, sans concession, et c’est finalement pleinement assumé.

Ce qui va être assez fascinant pour en revenir à Lise, c’est qu’elle va devoir affronter un ennemi plutôt coriace : elle-même. Cette fois-ci, elle a vraiment merdé, ou peut-être pas. Toute la difficulté sera là : ses rages intenses et ponctuelles ne lui permettent plus d’être objective sur ses éventuels actes antérieurs.

Au final, on en ressort lessivés, chargés d’émotion. Des sentiments mitigés nous voilent les yeux car nous sommes souvent partagés dans nos réflexions ! Notre morale est mise à mal ! Qu’est-ce qui est juste ou qui ne l’est pas ? Juste par rapport à quoi, par rapport à quelle justice ? Celle des hommes ou celle que j’appellerais pure et innée ?

Les personnages - principalement Lise - sont très attachants, même avec toutes ces émotions contradictoires qui nous taraudent. Il y a toujours plusieurs axes d’appréciation mais si l’on choisit celui qui nous vient des tripes, on ne peut qu’aimer ce personnage. On peut la comprendre, sans pour autant cautionner ce qu'elle fait.

L’auteur mettra un terme à cette histoire déchirante avec ce fameux coup de masse, afin de bien enfoncer le point final. C’est prenant, révoltant et encore une fois d’une violence extrême. Cette violence ne va pas forcément se matérialiser qu’avec des actes physiques, mais aussi par un contexte à gerber.

Le titre de ce roman est « coupable ». Réfléchissez à ce terme car il est très complexe, si on y fait le tour complet !

Bonne lecture. 

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