La piqûre, de Marie-Christine Horn --- Tout en finesse...

Publié le par Paco

La piqûre
Marie-Christine Horn

Editions L'Age d'Homme / 2017
276 pages


Une piqûre de moustique. C’est ce résultat assez courant qui va nous accueillir dans ce roman de Marie-Christine Horn. Ça vous démange ? Moi c’est le cas, soit de découvrir ce que l’auteure veut bien nous raconter dans cette histoire !

Cette piqûre, plutôt anodine, aura son importance, évidemment. Une sorte de baromètre ? Vous comprendrez.

Je vous explique un peu ce que nous allons découvrir dans cette histoire, puis je vous donne mes impressions.

« La piquée », c’est Lou, jeune vaudoise de 25 ans. Cette fille assez naïve, impulsive et pas du tout rancunière - trop naïve, justement, ou trop amoureuse, certainement -, retrouve un matin son copain, artiste peintre brésilien et futur père de son enfant, mort dans sa baignoire, les veines tranchées. Pour Lou, qui le connaissait si bien, cela ne peut pas être un suicide. « Le connaissait si bien », pas sûr.

Nous en saurons un peu plus sur ce personnage à présent décédé. C’est même mort qu’il va le plus « s’exprimer » ! Un homme complexe, taciturne, versatile, qui se noyait de plus en plus souvent dans des mensonges et excuses assez farfelus. Un homme qui semblait avoir plusieurs visages, dont la plupart restaient tapis dans l’ombre.

Suite à ce décès, Lou va se tourner vers son ami d’enfance, Daniel, son confident, l’exact opposé de son amant décédé, à savoir pas vraiment beau, mais franc, rassurant et loyal. La jeune femme, qui porte le bébé de cet homme disparu, a cruellement besoin de savoir à qui elle avait vraiment à faire.

Elle va alors commencer à chercher, fouiller et sonder le passé de « son homme », en prenant le risque de tomber sur du lourd. Parallèlement, un flic de Lausanne, celui qui est en charge du suicide, va également faire quelques recherches sur cet homme.

C’est donc de cette manière que ce Brésilien disparu va pouvoir ou plutôt va devoir s’exprimer, même si de son vivant, il aurait préféré se taire, chose qu’il cultivait visiblement sans peine. Reste à savoir pourquoi.

Ce récit est rythmé, j’aime beaucoup ! L’histoire se déroule toute seule, sans accroc. L’écriture de Marie-Christine Horn est agréable, franchement emballante. Les mots choisis glissent derrière nous comme lancés sur une surface lisse et gelée. Et comme sur de la glace, justement, nous avançons en déviant un peu sur la gauche ou sur la droite, sans être sûrs d’arriver à la bonne destination. Cela aussi, c’est agréable.

L’auteure, sans prétention aucune, avec une trame simple mais émotionnellement intense, nous dirige vers une complexité liée à la nature humaine. Je dis complexe mais, finalement, c’est vers des éléments basiques et fondamentaux que nous nous approcherons, à savoir la jalousie, l’envie, la haine ou encore l’amour, toujours...

Mais je vous l’accorde, pour les êtres humains que nous sommes, ces éléments basiques sont parfois fort complexes; quel paradoxe ! Et niveau complexité, l'auteure nous offre des personnages d'une grande qualité.

Dans cette histoire, il ne faut pas vous attendre à une enquête avec labo, empreintes, ADN et "profilage criminel" à la pelle. Ni même des cascades à la Belmondo - si vous connaissez encore -, des explosions ou encore des fusillades entre deux semi-remorques qui circulent côte à côte sur l'autoroute. Non, ici c'est la finesse de l'intrigue qu'il faudra apprécier, mais aussi le jeu de la déduction, ou encore la psychologie des personnages.


Marie-Christine Horn nous dévoile un dénouement qui va à l’essentiel, qui est logique, mais pas si évident à voir venir. Parfois, il ne faut pas aller chercher trop loin, car la solution est juste sous nos yeux. Mais parfois ce n’est pas le cas. Ici ? Vous verrez bien.

Une histoire de fou, une histoire donc très humaine...

Bonne lecture. 

Publié dans Littérature suisse

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