Du feu de l'enfer, Sire Cédric

Publié le par Paco

Du feu de l’enfer
Sire Cédric 

Éditions Presse de la Cité / 2017
556 pages

Me voici pour la première fois dans l’univers de Sire Cédric. J’ai pris la peine d’ouvrir cette porte et j’y ai découvert des horreurs dès les premières pages « franchies ». Cette introduction provoque un coup de sang, dans tous les sens du terme, avec le summum de l’horreur au terme de celle-ci. Ce ne sont pas les actes qui choqueront le plus le lecteur, mais le nombre de personnes cautionnant ces actes.

J’admets que tout cela m’a motivé à refermer cette porte délicatement, sans faire de bruit, et à avancer à pas feutrés pour découvrir ce qui se passe dans cette histoire sournoise et très certainement insidieuse.

Une fois rentré, l’intention de rebrousser chemin n’existe plus.

Pour nous remettre de cette intro fracassante, nous allons faire connaissance avec Manon, qui va découvrir un matin son voisin du dessus couché dans une mare de sang : il s’est visiblement donné la mort.

Manon n’en est cependant pas à son premier cadavre : elle est thanatopractrice. Qu’est-ce que c’est donc ça ?? Elle s’occupe des morts pour les rendre présentables, une dernière fois, avant le grand Départ. Une vocation, une passion, un métier qui se pratique avec respect et qui demande le respect.

Manon, fille sérieuse, consciencieuse, est l’opposée de son junkie de frère Ariel, infréquentable, irrespectueux et tordu comme un robinet. Allez, un peu de vulgarité : une grosse merde. Entre eux, le lien ne passe plus, trop de divergences les séparent.

Ariel va se retrouver bien malgré lui au centre d’une affaire très particulière. Le lecteur pourra aisément faire le lien avec cette fameuse intro qui fait toujours aussi froid dans le dos. Cet abruti doté d’une crétinerie irrévocable, suite à une connerie de plus - de trop ! - a réveillé le « diable » en personne : ce n’était vraiment pas une excellente idée de le déranger.

Un étau va dès lors se refermer sur lui et sa sœur, tellement lentement, dans un premier temps, qu’ils le verront à peine se rapprocher. Cet étau va rapidement être remplacé par une mâchoire qui, elle, va claquer d’un seul coup. A partir de ce moment-là, le lecteur ne se reposera plus.

Face au danger et à la peur, voire à la panique, nous sommes plus ou moins tous pareils. L’amertume qui règne entre le frère et la sœur va se placer en arrière-plan. Face au danger, on a tendance à s’unir. « L’union fait la force ».

Un flic fera partie de l’équation, un allié qui ne sera pas de trop pour résoudre ce calcul complexe aux nombreuses inconnues. Un homme charismatique, quelque peu solitaire, qui aime nager à contre-courant. Un combat livré seul, envers et contre tous.

Ce récit démarre avec une grande fluidité, mettant en scène des personnages énigmatiques, violents et complètement déjantés. Le scénario est tel qu’au bout d’un moment, le lecteur va commencer à douter sur bien des personnages. C’est dérangeant, mais j’avoue qu’on s’en délecte.

L’auteur va frapper fort avec un thème aussi fascinant que diabolique, que l’on pourrait titrer : « Le pognon mène à la folie et donne accès à tous les fantasmes ». Pouvoir, argent et perversion morbide font très souvent bon ménage. Il suffit de dénicher la bonne personne qui sera assez répugnante et influente pour réunir ces trois facteurs et les distribuer à « l’élite ». Je n’en dirai pas plus, à part peut-être le fait que la pourriture à tendance à s’incruster partout, à tous les niveaux, sans exception.

Sire Cédric nous fait évoluer gentiment, par paliers, toujours avec une récompense au bout du chemin : des éléments pertinents. Il lève le voile, puis s’arrête, le redescend de quelques centimètres pour voir notre réaction, puis finalement le soulève à nouveau avec, pour nous, un nouvel élément à la clé.

Mais comme il perçoit assez vite notre impatience, il ne nous fera pas languir trop longtemps. Le compte à rebours va être réglé au plus bas et l’enchaînement des événements va s’avérer être étourdissant.

C’est violent, sans concession. Les personnages souffriront sans répit. L’empathie n’existe pas ici, la cruauté est livrée à l’état brut. Certaines scènes vous provoqueront quelques spasmes au niveau de l’estomac, pensez à bien digérer avant de tourner les pages.

L’allure de nos deux héros frère et sœur sera similaire à la vitesse à laquelle nous tournerons les pages de ce livre. Un piège sans faille les bouffera sans laisser de restes s’ils ne réagissent pas à la manière forte. A ce propos, le personnage de Manon va s’avérer être intéressant. Face au danger, on s’unit - comme je l’ai dit plus haut -, mais certains instincts ont également tendance à se réveiller.

Je m’attendais tout de même à certaines révélations, à une partie du dénouement mais, par contre, je me suis senti déstabilisé tout au long du récit. Le doute est fort, les personnages restant très troublants. Sire Cédric a su casser mes certitudes à tout moment, en changeant souvent de direction. Du coup, j’ai été largué bien quelques fois.

Le rythme de ce récit est allé au-delà de mes espérances. Une fois en main, ce bouquin ne se lâche plus. Je n’ai réellement compté aucun temps mort. C’est une magnifique course, effectuée par intervalles, avec un sprint final.

Ce qu’il faut retenir ici, finalement, c’est que nous ne sommes pas toutes et tous logés à la même enseigne et que la notion de justice, encore une fois, reste assez confuse !

La justice des hommes...

Bonne lecture. 

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