"Enflammés", de Joël Jenzer

Publié le par Paco

Enflammés
Joël Jenzer

180* Éditions /2017
269 pages

Mes prochaines chroniques - celle-ci comprise - seront consacrées aux polars suisses - polars dans le sens large du terme-. Du 27 au 29 octobre 2017 aura lieu la seconde édition du Salon du polar à Lausanne, Lausan'noir. Dans le cadre de cet événement, un prix sera décerné au meilleur auteur romand (Suisse romande) de polars, ou du moins celui que nous jugeons être le meilleur. Etant donné que je fais partie du jury de ce prix, je vais être confronté pour quelque temps à la littérature suisse. Profitons-en!

Nous sommes en 1974, dans une région inconnue, mais en se fiant à l'atmosphère et au décor que veut bien nous laisser l'auteur, nous pourrions bien être dans un canton montagneux suisse. Il y a des coups de blancs, du relief, des chalets... Au lecteur de choisir sa région!

Une partie de l'intrigue va mettre au-devant de la scène une secte ésotérique qui ne manquera pas, par ses méthodes, de nous rappeler celle qui a sévi au Québec, puis en Suisse, dans les cantons du Valais et de Fribourg, un carnage qui engendrera environ 50 morts.

L'engouement médiatique qu'avait suscité cet événement tragique - le suicide collectif de l'ordre du Temple Solaire - sera également bien représenté ici dans cette intrigue.

Plus en détails:

Marc Verner est journaliste à l'Ouverture. Sa mission permanente est de couvrir certaines manifestations régionales, rien de palpitant pour lui. Pour l'heure, c'est dans un grand hôtel à Vautran - ne cherchez pas sur la carte - qu'il se rend pour interviewer un homme d'affaire qui s'est reconverti dans le domaine de l'art. Cet homme, charismatique,  troublant, perturbant, qui s'est donc mis à grattouiller la toile, expose dans la région et le journaliste Marc Verner est l'homme de la situation pour couvrir le vernissage.

Plusieurs  sinistres conséquents, constitués de flammes et de bâtisses en feu, va donner l'opportunité au journaliste de bosser sur un sujet pour une fois un peu plus intéressant. Du feu, des causes peu claires, de nombreux cadavres, tout ce qu'il faut pour un bon article!

Des personnages énigmatiques, menteurs pour certains, manipulateurs pour d'autres, vont déambuler autour du journaliste.

Les personnages de ce polar sont assez accrocheurs. L'auteur leur donne dès le départ quelque chose de dérangeant. Ils paraissent troubles, troublants et inquiétants. Une musique dont l'air sonne assez faux nous bourdonne aux oreilles et nous laisse alors sur nos gardes. Le personnage principal, le journaliste que nous suivons, garde évidemment la même méfiance.

Son enquête, plus ou moins officielle, plutôt moins que plus, va le conduire au centre d'une machination bien huilée. Arrivé au pied du mur bien trop rapidement, peut-être par naïveté, peut-être pour une autre raison, il sera contraint de faire confiance à une personne qui, par les apparences et la situation -, n'en est pas forcément digne. Cette relation reste pour moi un atout majeur pour maintenir la qualité de cette intrigue assez haute!

Sinon, l'aspect géographique, soit ce petit coin montagneux, nous dirigera vers une sorte de huis-clos dans lequel bien des personnes seront, à nos yeux, des suspects potentiels.

L'écriture de l'auteur est habile, par contre le rythme est lent et lourd. Il s'attarde sur bien des détails que j'estime inutiles, ce qui a pour effet de plomber ma lecture. L'intrigue stagne sur de longues pages, l'auteur faisant faire à son personnage les mêmes choses à de maintes reprises. Au bout d'un moment, j'avoue avoir perdu un peu de ma patience.

Par contre, l'auteur nous mène vers un dénouement bien pensé, assez subtil, cruel aussi, qui ne manquera pas de surprendre le lecteur.

Bonne lecture.

Publié dans Littérature suisse

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L
Je suis toujours partante pour lire des compatriotes ;-) Je note ce titre.
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L
Absolument !
P
Oui, sympa aussi lorsque c'est par chez nous?