"Embruns", de Louise Mey
Embruns
Louise Mey
Fleuve Noir Éditions / 2017
334 pages
L'introduction est nette, claire et précise, le ton est rapidement donné. La plume qu'utilise l'auteure est bien aiguisée, affûtée pour une écriture bien tranchante. Il ne faut juste pas que ça dérape et que ça croche.
L'écriture est simple, abordable, les chapitres s'enchaînent rapidement. L'histoire avance, le rythme est bon, c'est assez "coulant". Par contre, il ne se passe pas grand-chose. J'imagine bien que l'auteur, avec cette lenteur des faits, est en train de préparer son terrain, mais c'est trop long pour moi. Mais avec un peu de patience, au bout d'un moment, la tension nous gagne enfin. Le petit souci, c'est qu'ensuite on tourne un peu en rond et la tension crève à nouveau comme un ballon de baudruche.
Mais... Il y a un mais. La patience, au final, vaut le détour.
L'âme des personnages se dévoile, les masques tombent. Dans l'urgence, on devient assez souvent ce que l'on est à l'état brut! J'y reviendrai c'est intéressant.
Bon, qu'allez-vous découvrir ici?
La famille Moreau, de Paris, a décidé de passer quelques jours de juillet sur une petite île entourée par l'océan Atlantique: l'île Diall, en Bretagne. Ne cherchez pas à savoir où elle se trouve, elle n'existe pas.
Composition: nous avons le père, Chris, qui gère une entreprise prospère dans la communication. Sa femme Bea, architecte, qui aime se consacrer à sa petite famille. Et leur deux grands enfants, Bastien, 22 ans et Marion, 17 ans. Selon les premières impressions, nous avons l'image de la famille parfaite, modèle, qui a réussi sur tous les points. Beaucoup d'humour, bien manger - bio! -, pas de gros mots et surtout être bien ensemble. Cela existe?
Non... ici, ça sera de toute manière pas le cas, car leur vie de belle famille modèle va virer à 180 degrés et glisser vers le cauchemar. Petit à petit...
Marion, la cadette, a disparu pendant que le reste de la famille se promenait. La maison de vacances est retrouvée vide, gaz sur le feu, légumes coupés. C'est indéniable, il y a eu de la précipitation dans l'air, à l'image de l'orage qui frappait à l'extérieur. Un couteau ensanglanté retrouvé au sol sera la raison des inquiétudes à venir.
À la base, c'est une famille qui n'est pas habituée à se retrouver face à une quelconque résistance, une famille qui estime que tout devrait leur être dû. Toujours prêts à l'affrontement, soudés, mais uniquement et toujours pour gagner. Mais là, ils vont carrément être déçus.
Cette fois, le cadre est posé! Juste le cadre, pour le reste, vous risquez d'être bluffés.
Je parlais de l'âme des personnages, au début, et cette intrigue est intéressante à ce niveau-là. Je vais prendre comme exemple la mère de famille, Bea. Au début du roman, nous nous faisons une image précise de cette femme, comme pour les autres personnages, d'ailleurs. Et à un moment clé, certaines choses changent et des traits de caractère se dévoilent, s'intensifient. Dans l'urgence, tous nos sens se réveillent, pour un résultat positif ou négatif.
Il y aura encore un aspect intéressant ici, mais je ne peux évidemment pas en parler car, en une phrase, je pourrais dévoiler la totalité de l'intrigue. C'est justement ce que j'apprécie dans un thriller: un retournement de situation complet.
Je ne vais pas en dire plus.
Je reprocherais ici à l'auteur de m'avoir confronté à un rythme qui s'essouffle énormément vers la seconde partie de l'intrigue. Elle s'attarde sur des détails qui n'apportent, en fin de compte, rien de plus. Du coup, - c'est mon cas -, on décroche!
Mais encore une fois, au final, le lecteur aura son lot de satisfaction bien rempli!
Bonne lecture.