"Copier n'est pas jouer", de Frédérique Molay

Publié le par Paco

Copier n'est pas jouer
Frédérique Molay

City Éditions / 2017
346 pages

Cela fait bien des années que j'ai refermé le premier roman de Frédérique Molay, "La 7ème femme", polar qui avait remporté le prix du Quai des Orfèvres en 2007, sauf erreur.

Frédérique Molay a déjà écrit trois polars mettant en scène un personnage récurrent: le commissaire Nico Sirsky. Je dois admettre que je suis heureux de renouer contact avec ce personnage perspicace, près de ses hommes et très humain.

En marge de l'enquête, nous laisserons un œil s'égarer vers l'intimité du commissaire Sirsky, petite parenthèse qui donne de l'épaisseur à cette histoire. Un flic a une vie privée, des soucis, des emmerdes, des réjouissances aussi, ne l'oublions jamais.

L'entrée en matière correspond à ce qui se fait de pire dans l'activité d'un flic: être confronté à de la violence perpétrée sur un enfant. Les rideaux s'ouvrent donc sur une autopsie lourde d'émotion et l'acteur principal de ce prélude macabre est une petite fille congelée lacérée de coups de couteau. La petite a été découverte dans un parc de la capitale française.

Le commissaire Nico Sirsky et son équipe vont fournir toute leur énergie sur cette affaire, mais vont rapidement être rattrapés par un événement similaire: encore une boucherie, de la violence pure sur un jeune enfant.

Parallèlement, nous nous approchons d'un homme qui se régale, qui jubile face aux résultats de ses actes. Un homme qui s'attaque à l'essence-même de l'innocence, un être abjecte et forcément lâche. Un être qui a besoin d'être reconnu aussi, un être qui a besoin de jouer!

Les règles du jeu vont rapidement être fixées et la police n'aura pas le choix de s'y soumettre. Face à eux, un homme qui aime copier, faire pareil, utiliser les mêmes méthodes que d'autres avant lui. Un hommage? Un manque d'imagination? Ou alors encore autre chose...

L'intrigue tissée par Frédérique Molay est toujours aussi technique et précise. L'auteur aime donner au lecteur beaucoup d'éléments liés aux procédures policières. Le 36 Quai des Orfèvres est omniprésent, il prendrait presque la place d'un personnage dans ce polar. Je le qualifierais alors de vieux, expérimenté, efficace, fidèle, mais aussi austère et séducteur à la fois. Tout un paradoxe!

La trame est bien conçue. Mettre face à la police un homme qui, inspiré par d'anciens serial-killers, mélange plusieurs façons de faire, je ne pense pas l'avoir déjà vécu dans un polar. Un méli-mélo à décortiquer avec minutie et précision. Les enquêteurs n'auront pas d'autre choix que de sauter d'un endroit à un autre, en entrant à chaque fois dans une nouvelle histoire contée par un auteur diaboliquement cultivé et insaisissable.

Le rythme est bon, le puzzle avance pièce par pièce, l'image se précise petit à petit. Les éléments de l'enquête diligentée par Nico Sirsky s'imbriquent parfaitement, avec une bonne logique. Rien de compliqué, mais tout en finesse. Enfin... rien de compliqué... tout est relatif.

La question de la motivation sera intéressante ici. Un copycat est un terme désignant un tueur en série qui copie le mode opératoire d'un autre tueur. Cependant, un tueur en série, en principe, suit ses pulsions, quasiment sans exception. Le thème sera traité ici.

Précisions non négligeables: Frédérique Molay nous pousse dans ce polar à grands coups de guitares électriques, la bande son étant bien agréable à "entendre", à condition d'apprécier quelques bons "vieux" classiques. Cette musique nous accompagne dans un Paris fort bien décrit, sans pour autant nous plonger dans un guide touristique rébarbatif. 

Tout ceci va nous conduire vers un dénouement bien tordu, dans le sens où je n'ai pas vu venir le truc. C'est très surprenant, d'une certaine complexité, mais qui aboutit sur une logique implacable. Concernant la logique, tout est relatif, également...

Bonne lecture.

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