"Les morsures de l'ombre", de Karine Giébel
Les morsures de l'ombre
Karine Giébel
Édition Fleuve noir / 2007 (Pocket)
279 pages
Dès le prologue, nous savons d'emblée dans quelle direction l'auteur va nous emmener: vers une trame qui nous conduit vers l'enfermement, la captivité. Cave pourrie, barreaux, odeurs d'essence et de peinture, une seule source de lumière qui laisse filtrer un faible éclairage. Un homme, flic, est derrière les barreaux, tel un fauve en cage. Une femme, déterminée, se trouve de l'autre côté des barreaux et tient désormais la vie de cet homme entre ses mains.
Bon. Oui, j'adore ce genre d'histoires de captivité, de souffrance et, surtout, nourries d'interrogations. Par contre, il s'agit d'une trame que j'ai déjà eu l'occasion de suivre à maintes reprises. A ce stade, j'espère juste que Karine Giébel va donner dans l'originalité! Sinon, je crois bien que je vais m'en lasser.
Bon alors? Verdict.
L'intrigue évolue d'une manière assez basique, bien que les personnages présentent une bonne dose de caractère. Après avoir lu quelques bouquins de Karine Giébel, je sais à présent qu'elle maîtrise bien cet aspect. Par contre, j'en attends évidemment beaucoup.
À mi-parcours, pas de grosses surprises. C'est assez prenant, nous sommes dans une ambiance pour le moins tendue. Mais bon, être enfermé des jours et des jours par une folle à lier qui vient sans arrêt vous perturber, pousser à bout, provoquer et maltraiter, nous nous attendons pas à moins. À ce stade, je souhaiterais ressentir ce petit plus qui fera toute la différence.
Le petit plus existe tout de même. Il y a une histoire derrière tout cela qui pique cruellement ma curiosité. J'admets qu'au bout d'un moment, j'ai envie de savoir certaines choses! J'espère juste que ce n'est pas ce que je pense, ça serait bien dommage pour l'effet de surprise manqué.
Il s'agit - dans les grandes lignes - d'une histoire de justice qui doit être rendue, bien des années après. Mais l'attrait se trouve surtout dans le doute, Karine Giébel nous conduisant vers de puissantes incertitudes.
Un point négatif, - déjà constaté dans d'autres œuvres de l'auteure -, c'est ce rythme qui s'essouffle. Karine Giébel semble aimer mettre de la longueur dans son intrigue, certainement pour bien appâter le lecteur. Cela peut être une bonne méthode mais, me concernant, ça me gonfle un peu, dommage.
Mais au bout du compte, notre patience est largement récompensée. Tout s'accélère, le voile - ou plutôt les nombreux voiles - tombe. Tout est dit et rien n'était prévisible. Tout était un concentré de dynamite en attente, qui nous explose au visage en nous en arrachant la moitié.
Au niveau de la complexité de la trame, j'irais même jusqu'à affirmer que c'est carrément brillant! Belle prouesse au niveau de la manipulation... J'en attendais beaucoup, et je crois bien que j'en ai eu pour mon compte!
Au final, Karine Giébel ne fait pas vraiment dans le happy end, oh ça non, bordel. Pas le genre de personne à laisser une seule petite chance. Mais pour ça, je commence à la connaître un peu: elle est absolument cruelle.
Bonne lecture.