"Juste une ombre", de Karine Giébel --- Joli coup de cœur!

Publié le par Paco

Juste une ombre
Karine Giébel

Fleuve éditions, Pocket / 2012
606 pages

Ce thriller porte bien son titre: Juste une ombre. Une femme se retrouve totalement terrorisée depuis qu'elle s'est fait suivre - ou a cru se faire suivre -, une nuit, dans la rue. Juste une ombre, rien de plus.

Depuis cet événement, cette ombre, cette silhouette encagoulée semble être là à chaque instant de sa vie quotidienne. Ou peut-être pas. Début de la solitude, la vraie, la dure, la plus cruelle.

A ce stade, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. J'espère juste que je ne vais pas passer tout mon temps à observer une femme flipper à cause d'une ombre quelconque.

Bon, non seulement cela sera le cas, mais en plus je dois dire que c'est plutôt bien amené. Karine Giébel trouve peut-être les petites choses qui nous font un peu flipper, comme par exemple rentrer chez soi et constater que deux tableaux sont inversés. Ce n'est rien, mais imaginez tout de même.. Surtout si vous vivez seul. Et cela n'est que l'entrée froide.

Ce livre est un mode d'emploi pour savoir comment détruire une personne à petit feu, jusqu'à l'extinction totale. Mais ce livre explique aussi comment on peut provoquer, peut-être, ce qui nous arrive dans la vie, c'est évident! Attention, je n'ai pas dit mériter, mais provoquer, nuance. Je ne vais pas en dire davantage.

Le personnage principal, encore une fois, on ne l'aime pas vraiment. À présent, de toute manière, je sais à quoi m'attendre avec les "héros" des thrillers de cette auteure. Cela reste toujours un peu ambigu! Pour ce personnage cela sera également le cas. Au fil des pages, notre perception se modifiera continuellement.

Nous suivrons également un flic, un peu pourri, peut-être, un peu dérangé, certainement, complètement malade, ça c'est certain. La caricature du grand connard qui se la joue, qui prétend être le meilleur - peut-être bien! -, qui ne respecte absolument personne, surtout pas lui-même. Mais là encore, bas-les-masques, ne jamais se fier aux apparences!

Karine Giébel l'a bien compris, elle joue carrément à chaque fois avec cet aspect, soit avec l'âme de l'être humain, et ceci dans chacun de ses romans. L'humain, nous, avec nos peurs, nos regrets, notre sentiment de culpabilité, et surtout nos nombreux masques que nous passons sur notre visage, pour tromper l'autre, peut-être même pour essayer de nous tromper nous-même.

Un thriller réussi reste pour moi une histoire dans laquelle le lecteur s'identifie totalement, avec tous les ressentis qui vont avec. Est-ce mon cas ici? Probablement.

Vivre avec. Voici l'un des thèmes de cette histoire. Vivre avec ce que l'on a fait dans sa vie, consciemment ou pas. Le destin n'a rien à voir dans cette histoire, tout est une affaire d'actions et de réactions, même si, ici, c'est assez poussé...

Je vous ai parlé de deux personnages, principalement, qui vont bien sûr se croiser. Deux âmes perdues. Une addition qui va donner un certain résultat. Reste à savoir lequel. Deux personnages qui s'emboîtent (pardon...) comme deux pièces d'un puzzle, pas pour des raisons sentimentales, mais plutôt pour décoincer quelques pièces qui restaient bien agrippées!

Karine Giébel nous enterre bien profond avec son dénouement. Quelle finesse et quelle maîtrise, ceci jusqu'à la dernière page. Une page que nous tournons avec la sensation de recevoir un violent coup dans la poitrine, cœur compris! Joli coup de maître. Vous ne pourrez qu'apprécier, je pense, ce petit plus à la fin qui démontre une certaine habilité d'un auteur qui n'oublie absolument rien. Chaque détail compte, toujours...

Bonne lecture.

Commenter cet article

A
Je viens de terminer ce livre, le 1er que je lis de cet auteur; Pas de meurtre, pas de sang, c'est pire encore. Un énorme coup de coeur pour moi.
Répondre
P
Oui c'est plus subtile :-)
J
Lecteur silencieux régulier de ce blog pour y piocher de nouvelles idées de lectures, je constate avec plaisir une avalanche de chroniques sur les bouquins de Giebel :o) Il me reste juste Chiens de sang, Maîtres du jeu et De force à lire... J'ai lu les autres avec gourmandise les uns après les autres... Juste une ombre est un de ceux m'ayant le plus happé jusqu'au bout.... Même si comme tout bouquin de Karine Giebel on hésite parfois, souvent, entre pleins d'émotions contradictoires... Mais en tout cas jamais d'indifférence aux histoires contées en ce qui me concerne :) Merci pour toutes ces chroniques et tous les auteurs qu'elles nous permettent d'avoir envie de découvrir :)
Répondre
P
Merci pour ce retour! Encore trois Giébel qui m'attendent. Me réjouis déjà ;-)