"Que ta chute soit lente", de Peter James

Publié le par Paco

Que ta chute soit lente
Peter James

Editions Fleuve noir, 2014
542 pages

Peter James oblige, nous retrouvons le commissaire Roy Grace, personnage récurrent des romans de cet auteur. Etant adepte du genre, j'apprécie toujours autant de suivre ces aventures qui mettent en scène des protagonistes évolutifs, que ce soit un cheminement vers le bien, le mal, voir vers la catastrophe.

Roy Grace est un flic que j'apprécie, c'est déjà un bon point, même avant de débuter cette histoire! Mais cela ne suffit évidemment pas pour me satisfaire. Parlons justement de ce personnage. Roy Grace est un flic expérimenté, méthodique, juste avec les autres, peut-être moins avec lui-même, qui n'est de loin pas à sa première enquête. Celles et ceux qui connaissent déjà son histoire, sa vie, sauront alors que son épouse a disparu du jour au lendemain, il y a environ 10 ans, sans redonner de ses nouvelles.

Kidnapping? Vouloir prendre le large? Un accident? On le saura peut-être une fois, si Peter James veuille bien nous le confier un jour. Mais peut-être ne le sait-il pas lui-même? J'imagine que cette intrigante disparition n'est pas prête d'être éclaircie. Quoi que... L'auteur semble tout de même vouloir nous en dire un peu plus, tout de même! Cela au même titre que cette fameuse taupe au sein des forces de l'ordre qui donnerait pas mal d'infos à la presse, sans se soucier du bon fonctionnement des enquêtes. Là aussi, je ne sais pas si notre bon vieux Roy Grace pourra un jour éclaircir tout ceci! Mais là encore je dirais.... Quoi que.

Bref, dans ce polar, nous allons côtoyer de près le monde du 7ème art. Gaia Lafayette, ancienne star du rock, est une actrice relativement égocentrique, narcissique, énormément riche et très célèbre aux Etats-Unis. Et très belle aussi, cela va de soi. Un puissant staff oeuvre autour de sa personne pour que tout roule, que ce soit au niveau du business, des relations publics ou encore tout ce qui a trait à la sécurité. Pour ce dernier point, un ancien flic - c'est souvent le cas - est là pour réagir à toutes menaces; trier, laisser de côté, ou alors prendre au sérieux. La dernière en date, d'ailleurs, ne semble pas le préoccuper plus que ça. Mais c'est peut-être une erreur de jugement. La menace va s'avérer être très clair et concrète.

Parallèlement, nous suivons un homme, par l'air méchant, mais plutôt déterminé à venger les siens, contre une injustice qui frappe, selon lui, sur les pauvres dans son genre. Sa cible, nous le découvrirons assez rapidement; Gaia Lafayette, qui vient d'obtenir un rôle en or en Angleterre. Cette menace ne sera de loin pas la seule.

C'est justement en Angleterre que nous retrouvons le commissaire Roy Grace qui est déjà sur une affaire, un squelette retrouvé près du port. Etant donné que les affaires - les emmerdes! - n'arrivent jamais d'une manière échelonnées, cela serait trop facile, c'est sur une seconde scène de crime qu'il devra se rendre. Le corps d'un homme a été retrouvé dans une exploitation agricole, plus précisément dans un trou réservé aux fientes de poulets; charmant. La suite va être relatée morceaux par morceaux - désolé pour le jeu de mot -, mais c'est dans le sens propre du terme qu'il faut comprendre cela.

Les indices sont maigres, ce qui impliquera évidemment d'être très minutieux, méthodique, curieux et surtout ne pas prendre de gants pour découvrir des failles et ainsi s'y engouffrer. Comme je l'ai écrit plus haut, le cinéma sera à l'honneur dans ce roman; producteurs stressés et égocentriques, acteurs capricieux, scénario pas très net, respectivement vol de scénario, magouilles, argents, relations, soit le monde hollywoodien dans toute sa splendeur! De quoi je parle? Et bien d'hypocrisie, argent encore, faux-cul, personnages pathétiques et j'en passe.

Néanmoins, c'est en Angleterre que tout ce petit monde va se rendre, pour le tournage d'un film historique mettant en scène la royauté d'Angleterre. Larry Brooker, le producteur de ce film, tentera son ultime chance de rester à la surface de l'eau, voir même peut-être de décoller et flamber à nouveau. Comme nous sommes dans le monde des stars, nous aurons l'occasion de suivre celui des fans. Dans cette histoire, nous suivrons une fan un peu particulière, une amoureuse inconditionnelle de l'actrice dont j'ai fait mention au début de cet article. L'auteur nous démontrera jusqu'où peut aller une personne par amour pour une star, bien évidemment jusque dans le grotesque et l'excès. La folie n'est souvent pas très loin. S'identifier à une star, avoir besoin de sa reconnaissance, son amitié, peut-être même son amour, besoin d'exister pour elle; encore une fois, assez pathétique.

Peter James nous prouvera assez bien que dans de telles circonstances, nous pouvons déraper jusqu'au point de non-retour. Roy Grace, déjà bien chargé avec ses multiples enquêtes en cours, va recevoir une mission supplémentaire; assurer la sécurité de l'actrice Gaia. Une mission assez importante, délicate, étant donné que la ville n'a pas vraiment besoin d'un drame hautement médiatique comme publicité. Brighton est depuis bien longtemps la capitale du crime, une sale réputation qui lui colle à l'asphalte depuis des dizaines d'années. Pour Roy Grace, un beau challenge s'offre à lui pour se démarquer et se faire remarquer. Par contre, faut pas merder.

Les diverses menaces à l'encontre de la star et de l'équipe de tournage vont foisonner de toutes parts. Apparemment, plusieurs lièvres devront être débusqués et maîtrisés avant que le pire des scénarios, justement, débarque dans cette cité en mal de sécurité. L'auteur, ayant décidé de bien malmener son personnage, va en rajouter une couche; Roy Grace va être confronté à une vieille connaissance, un détenu en liberté conditionnelle, qui en profitera pour se faire la malle et ceci pour une excellente raison; faire payer le commissaire Grace jusqu'à la moelle.

Peter James rythme cette histoire avec des personnages bien campés, aux caractères assez forts, créant des interactions assez piquantes. Au niveau de l'enquête, son suivi, c'est très réaliste. Les méthodes de travail sont certainement proches de la réalité - je pourrais le prétendre formellement pour mon pays, mais pour l'Angleterre je ne peux que spéculer.

Peter James connaît bien ce rayon; d'ailleurs si nous nous référons aux remerciements qui noircissent les dernières pages du bouquin, nous constatons qu'il y a pas mal de flics dans la liste! Pour donner un exemple qui reflète bien le réalisme des méthodes d'enquêtes, je mentionnerais la précision et la qualité des rapports journaliers effectués par les cadres de la police. Cela permet également de bien s'y retrouver dans l'histoire, au même titre que pour les enquêteurs dans leur travail. Mais cela sera-t-il suffisant pour éradiquer les menaces qui foisonnent de toutes parts?

Bonne lecture.

Publié dans Littérature anglaise

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